La situation des malades chroniques devient de plus en plus alarmante dans notre pays. Il ne se passe pas un jour sans qu'on entende des cris de détresse de patients qui n'ont pas accès aux médicaments vitaux et autres soins indispensables. Les appels des associations de malades sont incessants et leur souffrance est quotidienne sans que cela trouve un écho auprès des autorités concernées. Les associations d'aide aux malades chroniques, à l'image de Nour Doha d'aide aux cancéreux et El Amel, de l'Association contre les myopathies et de SOS hépatites virales, pour ne citer que celles-ci, interpellent pour la énième fois les pouvoirs publics, leur demandant d'intervenir pour mettre fin aux peines des malades et aux «dysfonctionnements» qui s'éternisent. Ces associations déplorent la dégradation de la prise en charge des malades en raison des ruptures de stocks de médicaments essentiels. Ainsi, Mme Samia Gasmi, présidente de Nour Doha, dénonce les pannes à répétition du matériel de radiothérapie, ce qui entraîne généralement un report des rendez-vous. Ce retard des soins pèse lourd sur les malades qui succombent entre-temps à leur maladie, dit-elle. «Sincèrement, nous ne savons plus que répondre aux malades qui affluent en grand nombre et des quatre coins du pays», nous confie-t-elle. Et de rappeler : «Cela fait huit ans que nous allons à la rencontre des malades dans les régions reculées et particulièrement dans l'extrême Sud algérien», dit-elle. «Nous tentons tant bien que mal d'apporter une aide aux malades démunis, désarmés face à la maladie.» Elle ne manque pas de rappeler également le triste sort des victimes des essais nucléaires de Reggane qui souffrent de cancers du sang et de la peau. «Le problème de radiothérapie est l'un de ces soucis majeurs, qui est loin de connaître son épilogue», ajoute-t-elle. Elle précise que, sur les cinq centres de radiothérapie existant au niveau national, seuls ceux du CPMC et de Blida fonctionnent. «Ils sont complètement surchargés et n'arrivent pas à accueillir tous les malades», regrette Mme Gasmi. Du coup, les rendez-vous sont beaucoup trop éloignés, ce qui hypothèque sérieusement les chances de guérison des cancéreux. Elle citera de nombreux cas de cancéreux décédés faute de radiothérapie. «Ce qui est inadmissible», s'exclame-t- elle. Et de souligner : «Les promesses des responsables en charge de la santé d'améliorer la prise en charge des cancéreux sont restées lettre morte.» Mme Gasmi pose également le problème récurrent des pénuries de médicaments anticancéreux et notamment celui du Xeloba qui n'est pas remboursé par la Sécurité sociale. Un problème que Mme Bahamid, présidente de l'Association contre les myopathies, connaît bien. Elle nous fait part des sempiternelles ruptures de médicaments qui portent préjudice aux patients. «En ce moment même, des ruptures d'Imurel, destiné aux malades atteints de sclérose en plaques, et de Mestinon, traitement palliatif pour les malades présentant des pathologies neuromusculaires, sont enregistrées», souligne-t-elle. L'interruption de ces médicaments a des conséquences dramatiques sur la vie des malades chroniques. Ainsi, celle du Mestinon peut conduire à des sérieuses complications sur les personnes atteintes, allant jusqu'au risque de décès. Des ruptures du vaccin contre l'hépatite B pour les nourrissons sont également relevées. Selon Abdelhamid Bouallag, président de SOS hépatites virales, cette situation est due à la mauvaise gestion du dossier par le ministère de la Santé : «Ce dernier a axé toute son attention sur la grippe A(H1N1) et a complètement délaissé les autres maladies.» Ainsi, c'est une mauvaise coordination entre le ministère de la Santé et l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) qui est «derrière cette rupture de stock du vaccin contre l'hépatite B». M. Bouallag crie à une mauvaise gestion au niveau des hôpitaux et au manque de transparence dans la gestion des médicaments en Algérie. A. B.