Une fin de CHAN intense, trois superbes buts marqués et un jeu totalement orienté vers l'offensive des deux côtés. L'Angola et la Tunisie ont gratifié l'assistance d'un spectacle coloré digne d'une apothéose, d'un match de compétition continental. La magie du football a opéré lors de cette rencontre, et pour cause, emballés par le football pratiqué sur le terrain, les spectateurs ont quelque peu, par moments, oublié les problèmes liés à l'Afrique, notamment la pauvreté. Beaucoup de qualités et d'individualités chevronnées dans les rangs de ces deux équipes, angolaise, d'un côté, et tunisienne, de l'autre. Dhaouadi et Msakni chez les Aigles de Carthage, Nari et Osorio chez les Palancas Negras, que de compétiteurs qui ont fait les beaux jours des plus grands clubs d'Afrique et de clubs européens de renom. Si la Tunisie a globalement dominé la rencontre en imprégnant son rythme et en imposant un pressing haut de tous les instants, l'Angola a tenté au tout début du match de faire prévaloir son réalisme et sa détermination, laissant passer l'orage, sans jamais donner l'impression d'abdiquer, malgré un avantage conséquent pris au score par les Tunisiens. Côté angolais, la paire Zekanlanga-Kabungula (carte gagnante des Angolais durant les derniers matchs) a mis longtemps à se montrer menaçante et à se mettre en évidence face à une époustouflante équipe de Tunisie qui confirma de façon remarquable son excellent parcours dans ce CHAN soudanais en remportant le titre continental sur le score de 3-0. Cette victoire finale, il faut l'avouer, fut pour le staff tunisien et tous les présents une agréable surprise, compte tenu du contexte difficile ayant caractérisé la préparation des Aigles de Carthage qui durent se contenter d'un stage d'une semaine au Maroc. Mais les capés de Trabelsi ont pu compenser leur handicap par énormément de cran et de détermination. Ils tenaient à remporter ce titre pour l'offrir à tout le peuple en guise de cadeau dans ces moments historiques que vit le pays avec la révolution du 14 janvier. Autre élément de satisfaction, c'est que ce sacre a été obtenu avec un staff technique entièrement tunisien composé du duo Trabelsi-Khanfir qui a su encadrer son ensemble. Le cadre technique a eu la perspicacité de garder pratiquement la même composition de l'équipe, ce qui a permis à celle-ci de soigner ses automatismes et la cohésion fidèle à son système, à savoir le 5-2-3-1. Le représentant de la Tunisie, volontaire à souhait et surtout bien appliqué tactiquement, a dominé la majeure partie du match. Confectionnant un football de bonne facture axé sur une circulation fluide de la balle, les Tunisiens purent acculer leurs vis-à-vis dans leurs zones. Des buts de Traoui (47'), Dhaouadi (73') et Darragi (89'), à quelques secondes de la fin de la rencontre, ont laissé le onze au croissant blanc faire cavalier seul. Les coéquipiers de Walid Hichri ont eu les ressources nécessaires et le caractère pour remporter ce précieux sacre. Tour à tour, Dhaouadi, meilleur joueur du match, et Kasdaoui, meilleur buteur, sonnaient la charge, avant que Traoui, en verve, et Chadli ne réussissent à mettre en danger la défense des Antilopes noires. Le match se transforme en un véritable show des Tunisiens face à une équipe angolaise désabusée qui a forcément appris qu'il ne fallait jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Si le groupe angolais force le respect malgré tout, en dépit du fait qu'il soit jeune et de la défaite, il s'agira avant tout de reconnaître la qualité de l'adversaire mozambicain qui ne semblait être qu'un outsider face aux Tunisiens. Toutefois, et au vu de ce que les Antilopes ont réalisé lors de leur campagne de ce CHAN, il serait imprudent de sous-estimer ce team lors des prochains matchs. Tenir en échec la Tunisie, lors de la première confrontation, sortir le Cameroun et le pays organisateur en demi-finale, dénotent de qualités de groupe appréciables. Le sélectionneur angolais a su donner un cachet propre à l'équipe et doter son onze d'un fond de jeu des plus intéressants. S'appuyant sur de bons joueurs, à l'instar de l'attaquant Nari, de l'axial Kali et de l'expérimenté capitaine, le technicien angolais comptait sur la vivacité et la technique des siens pour piéger le onze tunisien une seconde fois et tenter de s'élever au niveau des meilleurs en remportant le titre continental. H. C. L'Algérie, 2e meilleure attaque 11 buts : Tunisie 7 buts : Algérie 6 buts : Afrique du Sud 5 buts : Cameroun-Soudan 4 buts : Angola, Gabon 3 buts : RD Congo, Niger 2 buts : Côte d'Ivoire, Rwanda, Sénégal, Zimbabwe 1 but : Ghana, Mali, Ouganda Fiche technique Stade El Merrikh d'Oum Dormane, match en nocturne, temps assez chaud, pelouse en bon état, assistance nombreuse, arbitrage du Sud-Africain Daniel Benett. Joueurs avertis : Chadly, Dhaouadi, Korbi, Gharbi Buts de Traoui (47'), Dhaouadi (73') et Darragi (89') pour la Tunisie Formation des équipes Tunisie : Methlouthi, Souissi, Hicheri, Abdennour, Korbi, Chadly, Msakni, Traoui, Kasdaoui, Dhaouadi Remplacement de Chadly par Darragi (77') Msakni par Ben Yahia (89') Dhaouadi par Chehoudi (89') Angola: Lama, Fabricio, Chara, Miguel, Amaro, Nari, Kali, Hugo Santana, Pinto, Osorio Remplacement d'Hugo par Avex (57'), Miguel par Cabungula (76') Nari par Job (82') Avis de techniciens sur le Chan Un niveau très élevé Le Championnat d'Afrique des nations (Chan) en est à sa 2e édition après la 1ère qui a eu lieu en 2009. Cette compétition, dernière-née de la Caf, est déjà très appréciée par les entraîneurs, notamment ceux dont les sélections y ont pris part. Bobby Williamson, sélectionneur de l'Ouganda : «Le Chan a été une bonne préparation pour les équipes participantes dans la perspective de la prochaine journée des éliminatoires de la Can 2012. Je peux déjà indiquer qu'à peu près cinq joueurs de cette équipe intégreront l'équipe A.» Emmanuel Ndoumbé, sélectionneur du Cameroun : «Le niveau était très élevé. Pour la majorité de mes joueurs, c'est une opportunité d'étaler leur talent aux yeux du monde. C'est une bonne initiative pour de nombreux joueurs qui n'ont pas toujours l'opportunité d'évoluer avec l'équipe première et qui bénéficient là d'une occasion pouvant favoriser leur intégration.» Amadou Diallo, sélectionneur du Mali : «Le Chan est une très bonne initiative et les organisateurs méritent d'être salués. Beaucoup de jeunes joueurs ont gagné de l'expérience en participant à ce tournoi. Avec cette compétition, l'avenir du football africain est radieux.» Sellas Tetteh, sélectionneur du Rwanda : «Ceux qui ont moqué ou combattu l'idée doivent se raviser. C'est une très bonne initiative pour l'évolution du football africain. Mon équipe était pratiquement la même que la sélection A et l'expérience a été vitale.» Mohamed Abdallah, sélectionneur du Soudan : «Le Chan est positif pour le football africain. Pour le Soudan, il a permis le développement des infrastructures sportives. A travers ce tournoi, le peuple soudanais est apparu uni et c'est une très bonne chose pour le développement national.» Simon Ngomane, sélectionneur d'Afrique du Sud : «La Caf doit être félicitée pour cette idée. ça fait partie du processus de développement et ce n'est que comme çà que le football peut être développé sur le continent.» Madinda Ndlovu, sélectionneur du Zimbabwe : «Le Chan a servi de préparation à mon équipe pour les Jeux africains. L'expérience a été positive avec des adversaires divers et ayant des backgrounds différents.»