Alors qu'une réaction internationale tarde à venir, les forces du régime libyen menacent de progresser vers l'Est à partir de Ras Lanouf. Le port devenu une véritable ligne de front est soumis à un intense bombardement compliquant davantage la crise libyenne. Londres et Paris se déclarant favorables à des actions ciblées contre les pro-Kadhafi. Cependant une telle intervention n'aura lieu que si l'ONU et l'opposition libyenne le souhaitent et que la Ligue arabe l'accepte. C'est ce qui est ressorti du sommet des 27 pays de l'Union européenne consacré au conflit en Libye qui s'est ouvert hier à Bruxelles. Le Premier Ministre britannique, David Cameron, a estimé que l'UE devait se préparer «à toute éventualité» pour pousser Kadhafi à la sortie. Au pouvoir depuis près de 42 ans et faisant face depuis le 15 février à une révolte populaire, Kadhafi ne semble pas vouloir lâcher. Au risque de transformer la crise en guerre civile. A Tripoli, le «guide» de la Jamahiriya a menacé l'Europe de cesser de soutenir la lutte contre le terrorisme international et l'immigration clandestine. Si «l'Europe n'appuie pas et ignore le rôle actif de la Libye dans la lutte contre l'immigration, la Libye va se retirer des efforts de lutte contre le terrorisme et changer complètement sa politique envers Al Qaïda», affirmera-t-il. Sur le terrain, la situation devient inextricable. Les forces de Kadhafi seraient entrées à Ras Lanouf, site pétrolier ayant été pendant près d'une semaine le poste avancé des insurgés. Des combats à l'arme lourde sont le lot quotidien de la zone autour de Ras Lanouf. Le fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, a promis à ses «frères» de l'Est, «aux mains de la rébellion, que les forces libyennes arrivaient à leur rescousse». A Benghazi, siège du Conseil national de transition (CNT) de l'opposition, plus de 10 000 personnes se sont rassemblées pour réclamer le départ de Kadhafi. La France est devenue la première nation à reconnaître le CNT comme représentant de la Libye. Au sein de l'UE, les avis divergent sur l'opportunité d'une telle reconnaissance. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a annoncé qu'un plan sur une possible zone d'exclusion aérienne serait présenté le 15 mars à l'Otan. Les intenses bombardements des avions du régime libyen ont bloqué la progression des insurgés partis de Benghazi à la conquête des villes côtières jusqu'à Tripoli. Ailleurs dans le pays, les insurgés contrôlaient toujours Misrata, ville se situant à 150 km à l'est de Tripoli. En revanche, les forces de Kadhafi ont repris, mercredi dernier, le contrôle de la ville symbole Zawiya. Cette dernière a été le bastion des insurgés le plus proche de Tripoli à 40 km à l'ouest de la capitale. La crise libyenne complique au fil des jours la situation humanitaire. Depuis la mi-février, plus de 250 000 personnes ont fui ce pays vivant un grand désordre pour les pays voisins, selon l'ONU. La répression sanglante de la révolte a fait des centaines de morts. La Libye semble coincée dans un imbroglio dont il est difficile de définir les contours. M. B.