L'ambiance dans l'université algérienne ne prête pas à l'optimisme. A travers le pays, les étudiants se mobilisent autour de revendications socio-pédagogiques somme toute légitimes mais leur obstination à les satisfaire toutes et maintenant suscite des inquiétudes. Cela est d'autant plus embarrassant que cette agitation survient en pleine période d'examens du premier semestre. Las d'attendre la fin d'un conflit qui ne fait que se durcir, des étudiants désintéressés de ce qu'ils appellent «manipulation politique» se sont mis en vacances (de printemps) sans passer leurs examens. Bien évidemment, des cours de plusieurs heures, dans différents modules, n'ont pas eu lieu. A la dernière minute, l'administration s'arrangera pour rattraper les cours ratés et préparer des examens à la portée de tous. La situation est critique mais ni les étudiants ni les services du ministère ne lâchent du lest. Le ministère annonce l'abrogation d'un décret décrié par les étudiants en ingéniorat et promet de prendre en charge d'autres problèmes sans toutefois remettre en cause un quelconque point de la réforme. De leur côté, les étudiants ne veulent rien entendre et se montrent décidés à durcir leur mouvement de contestation et faire pression sur le ministère et le gouvernement pour faire oublier cette réforme. Vendredi dernier, une coordination regroupant plusieurs comités universitaires, de différentes wilayas du pays, a été officiellement mise en place. Elle porte le nom de «Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE)». Un communiqué sanctionnant les travaux de cette première rencontre indique que la CNAE «réitère sa détermination à continuer la lutte jusqu'à satisfaction pleine et entière des revendications des étudiants». Ses membres assurent du caractère «horizontal, autonome et revendicatif» du mouvement, de la légitimité et de la justesse de leurs revendications. La coordination affirme condamner «l'attitude du pouvoir qui, au lieu d'être à l'écoute, répond aux manifestations par la manœuvre, la désinformation et la répression». Aussi, elle dénonce «le laxisme, le mépris et la fuite en avant de la tutelle».«L'échec des différentes politiques de réforme et de planification ont engendré la déréglementation de l'enseignement supérieur, et les réponses des responsables aux questions des étudiants nourrissent les pires craintes quant à l'avenir de notre formation», soutient-elle. «Le retour au calme à l'université est conditionné par la satisfaction totale de la plateforme de revendications des étudiants», ajoute-t-elle.La coordination appelle l'ensemble des étudiants à participer massivement à un sit-in qui aura lieu mardi prochain devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Par ailleurs, elle annonce qu'une marche sera organisée au retour des vacances, à Alger. K. M.