Ils ont répondu massivement à la journée de protestation initiée par leur syndicat. Comme prévu, les enseignants du supérieur ont observé hier, à travers l'ensemble des universités du pays, une journée de protestation en réponse à l'appel lancé, depuis trois semaines, par le Cnes. Ainsi, les enseignants ont tenu, à travers cette action, à protester contre «la situation catastrophique dans laquelle est plongée l'université algérienne». Cependant, au niveau des instituts et universités d'Alger, le mot d'ordre a été différemment suivi. A la faculté des sciences humaines et sociales de Bouzaréah, par exemple, les enseignants ont annulé le rassemblement qu'ils devaient tenir dans l'enceinte même de ce campus. Et pour cause: les étudiants sont en pleine période d'examens du premier semestre. A contrario, à l'université des sciences et technologies Houari-Boumediene de Bab Ezzouar, les enseignants ont répondu massivement à l'appel du Cnes. Le coordinateur adjoint, chargé de la région centre, de ce syndicat, M.Farid Cherbal, contacté hier par téléphone, nous a indiqué que les enseignants de cette université ont tenu à dénoncer, à travers leur mobilisation, «la violation des franchises universitaires par le recteur de l'université d'Alger, M.Tahar Hadjar». Les enseignants vont jusqu'à demander au Cnes de déposer plainte contre ce responsable. Ils exigent par là même la libération inconditionnelle et immédiate des étudiants incarcérés au niveau de la maison d'arrêt d'El Harrach. Aussi, ce mouvement de protestation qui a été observé hier, intervient pour soutenir les différents syndicalistes traduits en justice pour avoir appelé à une grève nationale. Cela concerne, entre autres, le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger, M.Redouane Osmane et le coordinateur national du Cnapest, M.Meriane. «Nous dénonçons l'atteinte portée au droit à la grève et nous demandons à ce que cesse l'instrumentalisation de la justice», a déclaré M.Cherbal. D'autre part, les deux universités de Béjaïa, à savoir Aboudaou et Abderrahmane Mira, ont été complètement paralysées. A la journée de protestation initiée par le Cnes s'ajoute la grève des étudiants. Cette grève intervient au lendemain du décès d'une étudiante, fauchée, avant-hier par une voiture, devant le campus universitaire d'Aboudaou. Le coordinateur national adjoint du Cnes, M.Kamel Aissat, qui est aussi enseignant à l'université de Béjaïa, contacté hier par nos soins, a dénoncé les conditions socio-pédagogiques des enseignants et des étudiants. Notre interlocuteur est longuement revenu sur la situation dramatique de l'université de Aboudaou. «C'est la deuxième fois qu'un tel accident se produise. La première, c'était en décembre dernier, une jeune étudiante est décédée dans les mêmes circonstances. Depuis, nous n'avons pas cessé de demander aux responsables de cette université de trouver des solutions», a-t-il déclaré. Il ne va pas sans préciser que ledit campus est situé devant la route nationale n°5; ce qui constitue un sérieux danger pour les étudiants. «Ajoutons à cela que l'université fait face à une caserne, ce qui perturbe la présentation des cours.» «Les responsables de l'université doivent assumer leur responsabilité morale. Ce que nous demandons aujourd'hui, c'est de garantir à ces 14.000 étudiants le minimum de conditions de sécurité», a poursuivi M. Aïssat. En outre, la même situation a été connue hier au niveau des universités de Médéa, où les étudiants sont en grève; à Skikda, Blida... Par ailleurs, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) prévoit un certain nombre d'actions à partir du mois prochain. Déjà, une réunion des membres de ce syndicat est prévue pour le 23 du mois en cours. L'ensemble des revendications socioprofessionnelles des enseignants seront abordées. En sus, une autre journée de protestation sera observée au mois de mars prochain. «Si la tutelle ne répond pas à nos revendications, nous envisageons de déposer un préavis de grève. Le mouvement de débrayage sera observé au mois de mai prochain», a indiqué M.Farid Cherbal.