Bien que les cours soient maintenus dans les trois disciplines que sont la pharmacie, la médecine et la chirurgie-dentaire aucune épreuve n'a eu lieu depuis le 1er trimestre. La colère des étudiants en sciences médicales est à son extrême. La psychose d'une année blanche les ronge de jour en jour. À la veille du troisième EMD (examen de moyenne durée), ils ne voient toujours pas le bout de la crise. La plupart des facultés des sciences médicales, à travers le pays, sont paralysées suite à la grève pédagogique des hospitalo-universitaires enclenchée depuis le mois de janvier. Bien que les cours soient maintenus dans les trois disciplines que sont la pharmacie, la médecine et la chirurgie-dentaire, aucune épreuve n'a eu lieu depuis le 1er trimestre. Que cela soit à Alger ou dans d'autres villes, les professeurs, docents et maîtres-assistants en sciences médicales refusent d'évaluer les étudiants tant qu'il n'y aura aucune réaction de la part des deux ministères de tutelle, la Santé et l'Enseignement supérieur. Cette situation, qui prévaut dans plusieurs facultés des sciences médicales, demeure jusqu'à aujourd'hui perturbée : plus de travaux dirigés, de travaux pratiques de graduation et de postgraduation, d'examens de graduation, de jury du DEMS, de maîtrise, d'assistanat, de docentat. Même si les étudiants en sciences médicales adhèrent au mouvement de leurs aînés et estiment que leurs revendications sont légitimes, ils s'inquiètent pour leur année qui risque d'être blanche. “Si auparavant nous craignions le spectre de l'année blanche, maintenant c'est devenu une certitude. Il n'y aura pas d'examens tant que le gouvernement persiste à tourner le dos à nos aînés. Alors que le bras de fer continue, nous risquons notre avenir”, a déclaré Amel, étudiante en pharmacie à la faculté d'Alger. Plusieurs étudiants, comme Amel, ont exprimé leur angoisse quant à leur avenir. Pour eux, l'urgence réside dans la résolution du problème des professeurs, docents et maîtres-assistants. “Nous sommes obligés de faire les médiateurs entre les deux antagonistes, si nous désirons reprendre nos examens. Cela va de soi, il faut que le gouvernement démontre sa bonne foi pour que nos professeurs nous évaluent”, a indiqué Redouane, délégué des étudiants en pharmacie de la faculté d'Alger. Afin d'arriver à cette médiation, les étudiants se mobilisent pour aller vers “un vrai dialogue”. Pour leur part, il n'y a pas mieux que les nouvelles technologies de communication (Ntic) pour s'organiser. Les étudiants en médecine ont opté pour le blog, forum et facebook afin de faire connaître leur mouvement. “L'heure de la mobilisation massive a sonné !”, peut-on lire dans la page d'accueil de leur facebook. “Le Mouvement algérien des étudiants en médecine — mobilisation massive”, a été créé dans cet espace, l'initiateur du groupe a déjà réuni plus de 250 étudiants, à l'échelle nationale, autour de leur cause. L'objectif de leur mobilisation consiste à éloigner le spectre de l'année blanche, une des conséquences de la grève pédagogique des professeurs en sciences médicales qui perdure. “Etudiants, étudiantes ! Que vous soyez externes, internes ou résidents, ceci concerne directement, l'avenir de votre formation (…)”. L'appel à la mobilisation est lancé dans cet espace. Si le blog du groupe vise à alerter les troupes en les appelant à une action massive, il fait office de tribune pour le débat et la réflexion autour de la crise qui touche les étudiants et professionnels de la santé. “Nous avons décidé de nous rassembler le 2 mai dernier au sein de la faculté de médecine Maherzi, afin de décider de nos prochaines actions. Des représentants des étudiants en médecine de la faculté d'Alger seront élus. Des tâches leur seront confiées comme des démarches auprès des deux tutelles”, a déclaré un délégué des étudiants de médecine de la faculté d'Alger. Il indique que ce rassemblement sera suivi d'un sit-in avec les pharmaciens et chirurgiens-dentistes. “Le lieu du sit-in sera arrêté en concertation avec les étudiants des trois disciplines samedi prochain lors de l'AG”, a-t-il précisé. Du côté des professeurs, docents et des maîtres-assistants, on se dit déterminé à garder le cap et à durcir le mouvement si le gouvernement persiste à refuser le dialogue. “Le spectre de l'année blanche se précise de jour en jour. Les étudiants sont victimes de l'inconscience des pouvoirs publics qui refusent de prendre en charge les problèmes des professionnels de la santé ainsi que celui des étudiants par ricochet. Nous sommes prêts à coopérer, la balle est dans leur camp (des pouvoirs publics, ndlr)”, a déclaré le Pr Djidjli, secrétaire général du Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales. Nabila Afroun