Des appels à manifester ont été lancés à Riyad, en Arabie saoudite, principal producteur de pétrole au monde. Des Saoudiens ont réagi à cet appel et ont manifesté pour demander du changement dans le royaume. Trois manifestants chiites ont été blessés dans une manifestation à l'est du pays, zone où se trouvent les principaux champs pétroliers. La manifestation, contenue par la police, n'est pas passée inaperçue, y compris pour les marchés pétroliers. La tension est perceptible sur les marchés, rapportent des agence des presse. Certes, les investisseurs ne croient pas à un effondrement de l'Arabie saoudite. Cependant, des troubles durables pourraient avoir un impact sur le prix du baril beaucoup plus important que celui enregistré, lors des troubles en Egypte ou en Libye. Mais les pays consommateurs souhaitent-ils des manifestations, de la grogne en Arabie ? Peu d'observateurs le pensent. Déjà qu'ils ont du mal à trouver le juste équilibre en matière des prix à la pompe. Les cours des carburants ont fortement augmenté dans le sillage de la crise libyenne. La production de pétrole dans ce pays n'en finit plus de chuter. Selon le patron de Total, Christophe de Margerie, elle est descendue en dessous de 300 000 barils par jour, c'est quasiment 1,5 million de barils de moins qu'au début de la révolte. Une situation à la limite du supportable pour les Européens qui veulent en finir avec le régime Kadhafi. Le peuvent-ils ? L'Europe est divisée face au dossier libyen. La France comme le Royaume-Uni plaident pour une frappe aérienne «ciblée» et ces deux pays appellent à la reconnaissance des rebelles comme représentants légitimes du pays. Rome et Berlin ne sont pas de cet avis. Les Etats-Unis s'inquiètent également des conséquences des révoltes. Barack Obama craint que des perturbations sur les marchés pétroliers ne viennent affecter la croissance de l'économie américaine. Ce dernier doit tenir une conférence de presse consacrée à la question des prix de l'énergie. Obama profitera de cette conférence pour en dire davantage, s'agissant de sa position vis-à-vis de la Libye et du colonel Kadhafi. Les Etats-Unis sont prêts à puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole, a indiqué, vendredi dernier, le président américain, notant que ce n'est pas encore nécessaire en dépit de l'augmentation des prix du pétrole. «Chacun devrait savoir que si la situation l'exige, nous sommes préparés à puiser dans les importants stocks de pétrole que nous avons dans nos réserves stratégiques pétrolières», a-t-il dit. Le Président a reconnu que les troubles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avaient «ajouté de l'incertitude», et que la perte de production en Libye avait «réduit l'offre» disponible. Les réserves stratégiques ont été mises en place en 1975, après l'embargo sur le pétrole décrété par les pays arabes membres de l'Opep, à l'origine du premier choc pétrolier. Elles contiennent actuellement 726,6 millions de barils, selon le département américain de l'Energie. Par le passé, les autorités ont surtout puisé dans ces stocks pour compenser des pertes de production, dues aux ouragans dans le golfe du Mexique, notamment en 2005, après le passage de Katrina, puis en 2008, après celui de Gustav et d'Ike. Pendant ce temps, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) réfléchit à des solutions, s'inquiétant de l'évolution de la situation en Libye, mais affirmant, toutefois, qu'il n'y a pas de problème d'approvisionnement et qu'elle pourrait intervenir en cas de crise majeure. L'Organisation prévoit une demande de brut de 87,8 millions de barils par jour, soit 0,1 million de plus que dans son précédent rapport. L'Opep table désormais sur une croissance mondiale de 4% (+0,1%), en 2011. Durant les premiers jours de la crise en Libye, les prix avaient atteint 120 dollars. Vendredi dernier, malgré le séisme au Japon, le baril s'est échangé à 114,08 dollars, à Londres, et 101,48, à New York. Cependant, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole prévient sur une possible diminution de la consommation de pétrole, si le niveau des prix actuel persiste sur une période prolongée. Y. S.