De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Il est difficile pour les chefs de famille de supporter sans conséquence la hausse vertigineuse des prix, particulièrement pour les produits de grande consommation. Partout dans le monde, les populations réagissent généralement pour dénoncer l'augmentation des prix et la dégradation de leur pouvoir d'achat, une situation qui pousse souvent les gouvernements à chercher les meilleures solutions, à même d'équilibrer pouvoir d'achat et salaire des travailleurs.En Algérie, les dernières augmentations opérées sur les salaires après l'élaboration des différents statuts particuliers semblent encore loin de convaincre les citoyens, lesquels demandent, entre autres, la régulation du marché avec préservation de leur pouvoir d'achat.Conscients que les mécanismes d'application peuvent prendre un certain temps et que la régulation nécessite un ajustement régulier, de nombreux citoyens optent pour des solutions personnelles pour pallier l'insuffisance de leur salaire. Aujourd'hui, les familles cherchent d'autres possibilités pour apporter plus d'argent dans leur escarcelle et combler ainsi leur déficit budgétaire.Au niveau de la wilaya de Aïn Defla, nombre de travailleurs optent pour le double travail, l'essentiel étant de gagner de l'argent. Ceux qui ont un savoir faire essaient de s'en servir en l'offrant à ceux qui en ont besoin moyennant rétribution.Plombier dans une entreprise, Kamel arrive à empocher un supplément dans des travaux effectués en dehors des heures de service, notamment au profit de voisins proches ou habitant des quartiers mitoyens et qui doivent réparer des conduites d'eau ou remplacer un chauffe-bain.«Pour l'instant, je suis encore jeune, j'ai encore la force de supporter ces travaux supplémentaires, mais je ne sais pas si je pourrai continuer plus tard», dira ce jeune homme, avant d'ajouter que son salaire ne suffit pas à subvenir aux besoins de sa famille en constante augmentation.Les femmes ne sont pas en reste, étant nombreuses, elles aussi, à contribuer au «confortement» du budget familial grâce à différentes activités. Ainsi, Karima est habituée à préparer des gâteaux pour les fêtes, notamment les mariages. Elle est sollicitée assez souvent, ce qui lui permet de venir en aide à son mari pour les dépenses.Elles sont donc nombreuses à participer, notamment par des travaux à domicile, certaines se spécialisant dans le pain traditionnel ou dans la couture. «Cet argent que je gagne me permet au moins d'avoir des vacances chaque année», dira Fouzia, enseignante mais aussi couturière à domicile. Elle est sollicitée à cause de sa maîtrise dans la haute couture, particulièrement dans les robes de mariage. Pour Samira, elle, gagne certes sur le plan pécuniaire mais au détriment de son repos. Par ailleurs, il ne faut pas oublier ces enseignants qui optent pour les cours de soutien à domicile, d'autant qu'il contribue à consolider les connaissances des élèves. «Je n'ai pas d'autre choix pour faire de l'épargne, mon objectif étant d'acheter un véhicule, et avec mon salaire, je n'arriverai jamais à le faire», indique Toufik, qui s'adonne à cette activité depuis un certain temps.Halim est enseignant, et en même temps, habitué du marché de véhicules. Il arrive à gagner plus de 10 000 DA par semaine, parfois plus, en achetant et revendant des véhicules. Il affirme ne se considère pas comme «samsar», mais qu'il achète un véhicule pas en bon état qu'il revendra ensuite, une fois que les prix du marché auront grimpé.Nos interlocuteurs soutiennent que l'absence de crédit sans intérêt est à l'origine de cette forme de travail, d'autant que les salaires actuels servent juste à garantir le minimum des besoins quotidiens. En somme, ils sont nombreux au niveau de la wilaya de Aïn Defla, mais aussi ailleurs, à recourir au système de débrouille pour pallier la faiblesse de leur budget en gagnant de l'argent, d'autant plus honnêtement qu'il représente le fruit d'un effort.