C'est l'embrasement général de la situation sécuritaire en Côte d'Ivoire où les combats touchent de nouvelles zones du pays et gagnent davantage en intensité. Des combats à l'arme lourde ont opposé hier les forces de défense et de sécurité (FDS, fidèles au président sortant Laurent Gbagbo) aux Forces républicaines (FR, proches d'Alassane Ouattara), à l'entrée de la ville de Tiébissou, située à 40 km au nord de la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro, a rapporté la presse locale. Les rebelles du FR avaient réussi, dimanche et lundi derniers, à prendre le contrôle de Boudoukou, une des grandes villes de l'est du pays sous la coupe de M. Gbagbo, après d'âpres combats qui ont duré pendant une dizaine d'heures. A la fin de la journée de mardi, les rebelles du FR ont poursuivi leur avancée, contraignant les combattants du FDS à battre en retraite avant de finir par livrer les villes de Daloa (centre-ouest) ainsi que la localité d'Abengourou (sud-ouest). Des colonnes de soldats pro-Ouattara ont, en fait, pour objectif de cerner la capitale économique du pays Abidjan avant l'assaut final sur le palais présidentiel de Laurent Gbagbo. Mais les rebelles du FR cherchent à prendre également le contrôle du port de San Pedro d'où est exporté le cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial. Ce commerce est pour le moment contrôlé par Laurent Gbagbo qui a fait appel à la Chine, entre autres, pour contourner les sanctions diplomatiques et économiques imposées par la communauté internationale au lendemain de sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010. Selon Ally Coulibaly, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, «les trois quarts du pays» sont entre les mains des rebelles du FR qu'il a qualifiés de «forces de libération». Cela expliquerait peut-être l'appel, mardi soir, de Laurent Gbagbo à un «cessez-le-feu immédiat» que le camp Ouattara ne semble pas vouloir observer du moment qu'il est dans une position qui lui permet de prendre le pouvoir, quitte à attendre encore quelques jours ou semaines. Et pour cause, les soldats des forces républicaines avancent presque au pas de course pour étendre son territoire aussi bien au nord du pays qu'ils contrôlent depuis 2002 qu'à l'est et à l'ouest, ne se donnant aucun répit pour combattre les poches de résistance du FDS. Confrontée donc à la rapide avancée des éléments du FR, l'armée de Laurent Gbagbo a ouvert officiellement, via un communiqué diffusé par la télévision, une campagne de recrutement de nouveaux soldats pour se prémunir contre une chute certaine. Le président sortant avait récemment appelé les jeunes Ivoiriens à rejoindre les rangs de son armée pour combattre les forces pro-Ouattara qu'il considère comme des ennemis du pays à la solde de l'étranger. Laurent Gbagbo dispose déjà d'une milice ultra-armée qui aurait commis de nombreuses exactions contre des civils désarmés à travers tous les quartiers soupçonnés de sympathiser avec Alassane Ouattara. Ces attaques contre les civils ont fait monter en flèche le nombre de déplacés à l'intérieur de la Côte d'Ivoire et dans les pays voisins. L. M.