Après le succès de son roman Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, l'auteur algérien Amara Lakhous a vu son œuvre adaptée sur grand écran dans un long métrage de fiction qui porte le même nom. C'est au Centre culturel italien d'Alger que l'avant-première nationale de ce film a eu lieu jeudi dernier. D'une durée d'une heure trente-cinq minutes, il a été adapté par Gaële Boghossian et réalisé par Paul Pinceloup, d'après le roman de Amara Lakhous, écrit en 2006 en langue italienne et traduit dans plusieurs langues, dont le français. L'histoire du film tourne autour d'un meurtre commis dans un immeuble situé à Piazza Vittorio, proche de la gare centrale, unique quartier multiethnique de Rome. Suite à la disparition mystérieuse du personnage principal du film, Amedeo, dont personne ne connaît l'origine, les langues se délient, et chacun livre ses sentiments vis-à-vis du disparu. Amedeo, avec un parfait accent italien, s'avère à la fin du film être un Algérien, Ahmed, qui a fui son pays pour échapper aux souvenirs douloureux de l'assassinat de sa fiancée au cours de la décennie noire. «Qui a tué Manfredini?» est la question sur laquelle se tisse la trame de ce drame social. Tous les personnages deviennent peu à peu des assassins potentiels. L'énigme policière n'est finalement qu'un prétexte, puisque le livre d'Amara Lakhous est une analyse sociale sur les malentendus que peuvent engendrer les différences culturelles. «L'immeuble est une tour de Babel moderne où les onze personnages tentent de cohabiter dans l'incompréhension et la peur de l'autre la plus totale», décrit l'adaptatrice Gaële Boghossian sur la fiche de présentation du film. Amara Lakhous est né à Alger et vit à Rome depuis 1995. Il est journaliste, anthropologue et romancier. Choc de civilisations pour un ascenseur, Piazza Vittorio est son premier succès après plusieurs nouvelles éditées en arabe et en italien.