Après trois jours de bataille, les insurgés libyens qui combattent les forces du régime depuis six semaines ont regagné du terrain, affirmant contrôler le site pétrolier de Brega dans l'est du pays. Les forces des insurgés avaient bien repris le contrôle de cette ville et tentaient de venir à bout de tireurs embusqués appartenant aux forces du colonel Mouammar Kadhafi, dont le gros des troupes semble s'être replié plus à l'ouest. Les insurgés ont revendiqué le contrôle de cette ville, théâtre de violents affrontements à l'arme lourde ces derniers jours. A plusieurs centaines de kilomètres à l'ouest, un autre front continuait de faire rage : Misrata, 200 km à l'est de Tripoli, ville tenue par les insurgés et cible de tirs qui ont fait 28 morts en trois jours. La crise en Libye s'enlise alors que Tripoli a sèchement rejeté les conditions posées par le Conseil national de transition (CNT), organe de direction de la rébellion, pour un cessez-le-feu. La coalition internationale a mené des raids sur des positions des forces loyalistes. Des responsables du Pentagone ont, de leur côté, confirmé que l'US Army commencerait à retirer ses avions de combat et ses missiles du théâtre des opérations. Les Etats-Unis veulent s'en tenir, comme prévu, à un rôle de soutien, l'Otan ayant pris jeudi dernier la direction des opérations. Entre-temps, trois des huit avions de combat JAS Gripen que la Suède dépêche pour participer aux opérations de l'Otan ont décollé à destination de la Sardaigne. Comme les cinq Gripen et un C-130 Hercule suédois attendus aujourd'hui, ces appareils ne participeront pas aux frappes au sol. Sur le terrain, on commence à parler de bavure. Neuf rebelles libyens et quatre civils ont été tués par un raid aérien de l'Otan dans la région de Brega. Le CNT vient de passer un accord avec le Qatar pour commercialiser le pétrole brut des zones qu'ils contrôlent. En échange, ils obtiendront nourriture, médicaments et carburant. Le débat sur l'armement des insurgés divise. Aucun pays de la coalition n'a ouvertement appelé à armer les rebelles libyens, un tel projet risquant, à coup sûr, de se transformer en champ de mines diplomatique, préviennent des experts et des diplomates de l'ONU. «Il pourrait y avoir un transfert légitime d'armes si un pays le décidait», a estimé, cette semaine à Londres, Hillary Clinton. Car, selon l'interprétation de la secrétaire d'Etat américaine, la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, votée le 17 mars, «outrepasse ou amende l'interdiction absolue de [transférer] des armes à qui que ce soit en Libye». Cette résolution permet aux pays membres de «prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils» et donne donc, selon les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la possibilité d'aider les rebelles en leur fournissant des armes. Mais la Libye est soumise à un embargo sur les armes par le Conseil de sécurité qui a voté, dès le 16 février dernier, la résolution 1970 en ce sens. M. B.