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La Syrie crie au complot extérieur, des militants accusent le régime de violence Trente-sept victimes lors des manifestations sanglantes de vendredi dernier
Le nombre de victimes lors des manifestations, qui ont eu lieu vendredi dernier à Deraa et dans d'autres régions en Syrie, a atteint 37 personnes, «tuées par les forces de l'ordre syriennes, qui ont tiré à balles réelles sur les manifestants», selon Ammar Qorabi, président de l'Organisation nationale pour les droits de l'Homme (ONDH). M. Qorabi a dressé une liste nominative de trente-sept personnes tuées à Deraa et affirmé que les autorités «avaient empêché le transport des blessés à l'hôpital principal de la ville».A Homs, les autorités ont dispersé une manifestation près de la Grande Mosquée «en faisant usage également de balles réelles», faisant trois morts et deux blessés, selon M. Qorabi qui a affirmé que trois autres personnes ont également été tuées à Harasta et une autre à Douma. Le régime syrien, qui n'a eu de cesse de crier aux «saboteurs et aux comploteurs» qui auraient ouvert le feu sur les habitants et les forces de sécurité lors des manifestations, avait même montré en direct à la télévision des images d'hommes armés ouvrant le feu sur la foule, les policiers et les forces de sécurité. Hier, les autorités ont affirmé officiellement leur détermination à «faire face» aux groupes armés qui tirent sans distinction à la fois sur les manifestants et les forces de l'ordre, a indiqué le ministère de l'Intérieur syrien, dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à hier. «Nous ne permettrons pas de faire l'amalgame entre les manifestations pacifiques et (les actes) de sabotage (qui visent) à semer la discorde, à nuire à l'unité nationale et à déstabiliser les fondements de la politique syrienne», a précisé le communiqué publié par l'agence Sana. «Afin de préserver la sécurité de la patrie, des citoyens et des institutions publiques, les autorités syriennes vont faire face à ces comploteurs et à ceux qui sont derrière eux, en vertu de la loi qui limite l'utilisation des armes. Il n'est plus possible de s'abstenir d'appliquer la loi pour préserver la sécurité de la patrie et des citoyens sous le prétexte des manifestations», est-il encore précisé dans le texte. Le communiqué parle donc de «comploteurs [...] poussés par des parties étrangères connues qui rejettent les réformes et font fi des revendications populaires». Lors des manifestations de vendredi dernier, dix-neuf membres des forces de l'ordre ont été tués et soixante-quinze blessés par des tirs de «groupes armés» à Deraa. A Deraa, la journée d'hier a été consacrée aux funérailles des victimes. Les habitants de cette localité et des villages environnants, épicentre de la contestation en Syrie, ont enterré 27 morts dans une ambiance électrique. «Chaque enterrement de martyr se transformera en manifestation contre le régime et pour la liberté, même si le communiqué du ministère de l'Intérieur annonce plus de violence», avait déclaré un militant de Deraa. Entre ces thèses de complot extérieur et de l'usage de violence par le régime d'Al Assad, tous les yeux restent braqués aujourd'hui sur la Syrie. Le président des Etats-Unis Barack Obama n'a d'ailleurs pas manqué de condamner «fermement» les violences commises en Syrie. «Je condamne fermement les violences atroces commises aujourd'hui et ces dernières semaines par le gouvernement syrien contre des manifestants pacifiques. Je condamne aussi tout usage de la violence par les manifestants», a déclaré M. Obama. L'Union européenne a également appelé hier, par la voix de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie, le régime syrien à cesser les violences contre les manifestants et à entamer des réformes «maintenant». «Je condamne fermement la violence et les morts qui ont eu lieu en Syrie dans le cadre de manifestations pour la liberté et la démocratie», a déclaré Mme Ashton, ajoutant : «J'appelle fermement les autorités syriennes à mettre immédiatement un terme à la violence.» Et de poursuivre : «Les annonces des autorités syriennes en vue de faire des réformes doivent être étayées par une action crédible sur le terrain.» H. Y.