Les forces de défense et de sécurité (FDS), restées loyales au président sortant Laurent Gbagbo, ont regagné du terrain entre vendredi soir et hier, après avoir bombardé à l'arme lourde les forces républicaines (FRCI) d'Alassane Ouattara, le nouveau chef d'Etat de la Côte d'Ivoire officiellement reconnu par la communauté internationale. Le recours à la guérilla urbaine par les milices du FDS leur a permis aussi de renforcer leurs positions autour du palais présidentiel et de la résidence où s'est retranché Laurent Gbagbo, dans un bunker, depuis une semaine. Les soldats du FDS seraient à un kilomètre seulement de l'hôtel où M. Ouattara a établi son quartier général. Selon le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy, les troupes du FDS possèdent toujours des chars et des armes lourdes. Ce qui signifie que la guerre civile ivoirienne est partie pour s'inscrire dans la durée. Si la tendance était hier matin au calme, quoique précaire, dans certains quartiers, la tension était toujours à son comble à Abidjan et dans d'autres régions du pays où la situation humanitaire s'aggrave de jour en jour. Profitant de l'accalmie qui s'est installée à Abidjan, notamment dans les quartiers de Cocody et du Plateau, des habitants ont plié bagage et sont partis, ont rapporté les médias locaux. Alassane Ouattara a annoncé jeudi soir avoir imposé un blocus autour de la résidence et du palais présidentiels afin de contraindre Laurent Gbagbo à se rendre après l'échec des négociations menées par des représentants de l'ONU dans l'objectif d'obtenir sa reddition sans conditions. Mais il semble que ce blocus n'a rien changé à l'attitude du Président sortant qui refuse catégoriquement de céder le pouvoir, convaincu de sa victoire à la présidentielle du 28 novembre 2010, date à laquelle la crise politico-militaire ivoirienne avait commencé. Accusée par les pro-Gbagbo de soutenir dans son «coup d'Etat» Alassane Ouattara, la France qui dispose d'une mission militaire (la Licorne) à Abidjan pourrait encore intervenir aux côtés des forces de l'Onuci (forces de maintien de la paix de l'ONU) comme elle l'a fait la semaine dernière pour se prémunir contre les attaques des soldats du FDS. «La France rappelle que conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'ONU, les Forces impartiales (Onuci et force française Licorne) sont en droit de mettre en œuvre leur mandat afin de prévenir l'usage d'armes lourdes par toutes les parties du conflit», a menacé l'ambassade de France à Abidjan, propos rapportés par Afriscoop, le portail de l'actualité africaine, dans son édition d'hier. Autrement, rien n'augure un dénouement heureux de la crise ivoirienne alors que des organisations humanitaires ont fait état de la découverte de plusieurs charniers, notamment dans l'ouest du pays. Les forces armées des deux camps sont accusées d'avoir commis ces massacres. Mais le camp Ouattara a nié toute implication dans ces tueries qui ont coûté la vie à plus d'un millier de personnes, en majorité des civils. Alassane Ouattara a d'ailleurs promis d'ouvrir une enquête pour identifier les auteurs de ces crimes. Il a ensuite appelé les Ivoiriens à la réconciliation nationale. Cette proposition a été rejetée par le camp Gbagbo qui refuse de reconnaître la victoire de son rival. L. M.