Des affrontements armés ont eu lieu dans la soirée de jeudi à hier à Yamoussoukro (Centre), capitale économique de la Côte d'Ivoire, ont indiqué des témoins cités par les médias. Ces violences ont opposé les forces de l'ordre fidèles au président sortant Laurent Gbagbo aux partisans d'Alassane Ouattara, le nouveau président reconnu par la communauté internationale à l'issue de la présidentielle du 28 novembre 2010. Jusqu'à hier soir, aucune source n'était toutefois en mesure de donner un bilan exact de ces affrontements, parfois à l'arme lourde. Au milieu de la semaine, des violences avaient éclaté à Abidjan, la capitale politique du pays, faisant au moins une dizaine de morts, dont des membres des Forces royales de défense et de sécurité (FDS), sous le contrôle de Laurent Gbagbo qui ne veut pas céder les rênes du pouvoir malgré les sanctions politiques et économiques internationales. Des sources affirment que les partisans d'Alassane Ouattara, qui ont pris les armes, ne sont autres que les miliciens de l'ex-rébellion Les Forces nouvelles. Le recours à la violence armée pour régler un conflit politique qui paralyse le pays depuis trois mois intervient au lendemain d'une énième tentative de l'Union africaine, sous l'égide de l'Onu, de trouver un consensus entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo qui ne semblent pas prêts à accepter un partage du pouvoir ou carrément la tenue d'une nouvelle élection. L'ouest de la Côte d'Ivoire a aussi été atteint par les violences entre le FDS et le FN, ce qui risque de provoquer un exode massif des populations, notamment vers le pays voisin, le Liberia. Des dizaines de milliers de personnes ont déjà fui leurs maisons dans la capitale Abidjan. Dans un communiqué, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a déploré «la recrudescence de la violence particulièrement dans certainsquartiers d'Abidjan entre militaires et manifestants, avec utilisation d'armes lourdes, accroissant le nombre de morts». La division des droits de l'Homme de l'Onuci a «recensé 315 personnes tuées depuis la mi-décembre 2010», selon le texte. Le bilan fourni il y a une semaine par l'ONU faisait état d'au moins 300 tués. De nouvelles mesures contraignantes pourraient être prises contre la Côte d'Ivoire dans les jours à venir pour déloger, sans une intervention armée, le président sortant Laurent Gbagbo. L. M.