Le président sortant Laurent Gbagbo vit ses dernières heures au pouvoir à Abidjan où les forces armées d'Alassane Ouattara, reconnu comme le nouveau président de la Côte d'Ivoire, s'apprêtent à donner le dernier assaut, tandis que, dans l'ouest du pays, l'ONU craint qu'il y ait eu un massacre d'au moins 800 personnes, ont rapporté hier plusieurs sources sur place. Les combats à Abidjan se sont poursuivis hier à Abidjan et se sont faits plus violents, ont indiqué des témoins. Les Forces républicaines (FR) ont gagné du terrain et tentent maintenant d'asphyxier les quelques poches de résistance des soldats des Forces de défense et de sécurité (FDS), restées fidèles à M. Gbagbo. En dépit des récentes défections qu'a connues le FDS, le président sortant ivoirien refuse toujours d'abandonner la bataille qui devient de plus en plus sanglante, aussi bien sur le terrain des opérations armées que dans les médias locaux. Les deux camps se livrent aussi une violente bataille médiatique qui ajoute davantage à la confusion générale et sème un véritable chaos au sein du peuple ivoirien. D'un côté, les partisans de M. Ouattara affirment qu'il ne reste pas beaucoup de temps pour donner l'assaut sur le dernier bastion du FDS. Du côté opposant, les pro-Gbagbo refusent de s'avouer vaincus et continuent d'utiliser la télévision d'Etat RTI pour gaver les Ivoiriens d'une propagande digne de l'époque soviétique. Hier matin, des militaires fidèles au président sortant ont appelé à l'antenne de la RTI à la mobilisation des troupes pour la «protection des institutions de la République» après avoir réussi à reprendre vendredi dernier le contrôle de cette chaîne dont le signal avait été perturbé par les pro-Ouattara. Les soldats du FDS assurent que leur président et sa famille sont en sécurité dans leur résidence de Cocody (nord de la capitale économique) et qu'il n'a nullement l'intention d'«abdiquer». Pour le capitaine Léon Kouakou Alla, porte-parole du ministère de la Défense du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, «l'offensive n'a pas encore commencé [mais] cela ne saurait tarder. Nous prenons des dispositions pour affaiblir l'ennemi avant de monter à l'assaut». Autrement dit, le départ de Laurent Gbagbo n'est pas pour demain et la guerre civile ivoirienne risque donc de s'inscrire dans la durée alors que les organisations humanitaires des Nations unies parlent de la découverte de plusieurs charniers et du massacre d'au moins 800 personnes dans la partie ouest du pays. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué que les victimes ont été tuées mardi dernier lors de «violences intercommunautaires à Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire». Le camp Ouattara a affirmé avoir découvert vendredi des charniers dans cette zone et accuse les soldats du FDS d'être derrière ces massacres. Alassane Ouattara a tenu aussi à démentir les informations révélées par l'ONU sur l'existence de «graves violations des droits de l'Homme» dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. L. M.