La nuit, Alger est à l'opposé de l'image qu'elle donne le jour. Elle surprend par ses lumières. Par une animation bien ramadhanesque et… par la jovialité inattendue de ses passants. Il suffit que l'«adhane» retentisse pour que les rues de la ville se voilent de silence et de vide. Et il faut attendre que la faim s'apaise pour que les rues d'Alger sortent de la torpeur et que la vie y renaisse… Pour faire vibrer leurs soirées, les Algérois ont le choix. Spectacles organisés par le CCF, concerts et soirées thématiques de l'Etablissement Arts et Culture, soirées de l'ONCI ou encore simples balades en famille dans les artères de ladite blanche pour se dégourdir le cœur et remettre un peu d'ordre dans les idées. Mais, pour la jeunesse, la destination la plus prisée, la plus branchée et la plus incontournable reste la khaima. Et, là aussi, les Algérois ont le choix. Khaimate pures et dures, khaimate d'hôtel, khaimate sans khaima mais avec une ambiance tout ce qui a de plus khaima et d'autres formes encore. Ces espaces semblent hériter de l'esprit des mahchachate d'antan sauf que, là, elles attirent beaucoup plus la jeunesse dorée que les simples copains de quartiers, fans de chaabi. Ce qui reste incontestable est que la khaima est un concept qui rapporte. Nous en avons visité une mardi soir dernier pour y découvrir l'ambiance. Direction le Tennis Club de Ben Aknoun. Oui, le Tennis Club de Ben Aknoun qui se transforme durant les soirées de Ramadhan en espace tout ce qu'il y a de moins sportif. Pour nous accueillir, celui qui est à l'origine de cette khaima moderne ! Khaima sans khaima mais qui vous plonge facilement dans une ambiance où la qaada sur les poufs et dans les salons intimes et où les odeurs de chicha (narguilé) confirment la khaima attitude ! Lhadi Bouabdellah, l'initiateur du revirement du Tennis Club, en parlera avec enthousiasme : «On a tenté l'expérience l'an dernier et comme elle a été réussie –on recevait près de 200 personnes par soirée- on a décidé de récidiver cette année.» Et ils ont eu raison, puisque la fréquentation a augmenté d'environ 100 personnes. Pour satisfaire la clientèle, trois espaces aux ambiances différentes : dominos dans la cour d'entrée, chicha dans le salon intime et conversations savoureuses entre amis sur la terrasse. Le tout sans avoir à payer l'entrée mais seulement les consommations dont les prix restent abordables, entre 100 et 250 dinars par personne en moyenne. Sarah, une habituée des lieux, explique son entrain pour cet endroit : «On s'y sent bien, c'est cool, et même s'il y a beaucoup de monde, ce n'est pas désagréable parce que c'est du beau monde !» Petit regret, pas de soirées thématiques ou de mini-concerts pour cause de manque d'espace mais les habitués ne s'en plaindront pas car ils ont toujours droit à une musique de fond pour meubler l'ambiance, et du gnawi si possible ! En bref, la khaima du Tennis Club de Ben Aknoun est un espace à découvrir et de préférence entre amis… F. B.