Photo : Riad Par Amel Bouakba Selon les statistiques de la Société algérienne d'immunologie clinique, d'allergologie et d'asthmologie, la rhinite allergique touche quelque trois millions d'Algériens. La prévalence de cette affection est en hausse constante dans le monde, affirme l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les chiffres en témoignent : 500 millions de personnes sont atteintes de cette affection dont le principal danger est qu'elle peut se transformer en asthme. D'après l'organisation onusienne, «40% des rhinites allergiques dans le monde évoluent en asthme». La rhinite allergique représente ainsi un facteur de risque important. En Algérie, un grand nombre de patients atteints de rhinite allergique ne consultent pas mais ont plutôt recours à l'automédication, d'autres ne se soignent même pas. Des comportements à hauts risques pour la santé, alertent les praticiens, notamment le professeur Salim Nafti, chef de service des maladies respiratoires au CHU Mustapha. Ce spécialiste insiste sur la nécessité de consulter afin de traiter convenablement et rapidement cette pathologie, qui, déplore-t-il, «demeure beaucoup trop négligée et peut dégénérer en maladie beaucoup plus grave». Ainsi, prévient-il, si elle n'est pas prise en charge, «la rhinite allergique se transforme inévitablement en asthme». De son côté, le professeur Habib Douaghi, chef de service pneumologie et allergologie à l'hôpital de Beni Messous, estime que la prévalence des maladies allergiques, dont l'asthme, est en nette augmentation à travers tout le territoire national. «Les allergènes les plus en cause sont le tabagisme considéré comme facteur important, le pollen, la pollution par les poussières domestiques, les poils de chat et de chien, les acariens, les moisissures ainsi que les matériaux de construction modernes utilisés dans les habitations et qui contiennent des produits toxiques», souligne le professeur Habib Douaghi. Concernant la prise en charge thérapeutique de ces allergies, les spécialistes expliquent qu'il n'y a pas un traitement unique de l'allergie. «C'est pourquoi il faudrait consulter le plus tôt possible un spécialiste afin d'identifier la cause de l'allergie et pouvoir la traiter», explique le professeur Nafti. En premier lieu, il s'agit d'identifier l'allergène responsable des symptômes, ensuite, d'éviter dans la mesure du possible le contact avec l'allergène incriminé. Les mesures de prévention sont importantes afin d'éviter tout contact avec l'allergène et limiter l'apparition des symptômes. Des traitements symptomatiques sont ensuite préconisés pour traiter les manifestations et soulager les symptômes, comme les antihistaminiques et les corticoïdes. Reste, enfin, «la désensibilisation encore appelée immunothérapie spécifique ou encore vaccinothérapie des allergies qui est considérée comme le seul traitement préventif et curatif de certaines allergies car elle s'attaque à leur cause et permet d'éviter l'aggravation des manifestations». Cette méthode qui constitue à ce jour le seul traitement efficace est recommandée par l'OMS. L'organisation onusienne estime que ce traitement doit être partie intégrante de la prise en charge des maladies allergiques. Attention à la qualité de l'air dans les crèches et les écolesNous sommes, en effet, souvent exposés aux moisissures domestiques qui se développent en abondance dans les endroits humides, mal ventilés et sombres et qui provoquent différents problèmes de santé, dont les troubles respiratoires, les rhinites, les allergies, l'asthme et des réactions immunologiques. La qualité de l'air dans les écoles et les crèches est également souvent mise en cause dans ce sens qu'elle représente un risque sérieux pour les enfants, plus exposés et surtout plus sensibles aux effets nocifs des polluants présents dans l'air. Selon les spécialistes, la situation est particulièrement préoccupante dans nos crèches et nos écoles où la qualité de l'air laisse à désirer. Ces thèmes seront d'ailleurs au cœur du 7ème Congrès international d'allergologie pratique prévu du 6 au 8 mai prochain à Alger. Selon l'Association algérienne de formation continue en allergologie pratique (Aaforcap), organisatrice de l'événement, plusieurs sujets d'actualité seront abordés à cette occasion, entre autres, «la qualité de l'air dans les crèches et les écoles», «les sinusites», «les transports en commun et pollution intérieure», «les toxidermies médicamenteuses», «les allergies professionnelles» et «l'allergie oculaire». A. B. Ce qu'il faut savoir Eternuements, nez qui coule ou conjonctivite sont des symptômes qu'on peut confondre avec ceux d'un rhume classique. La rhinite allergique est une inflammation des voies aériennes supérieures qui survient lorsqu'une personne sensibilisée se trouve en présence d'un allergène. On distingue deux formes de rhinites : la rhinite dite persistante, présente tout au long de l'année et qui est causée par des allergènes se trouvant en permanence dans l'environnement, comme les acariens, les poils d'animaux, les moisissures, et la rhinite allergique saisonnière. Celle-ci est liée particulièrement au pollen des arbres, aux graminées et aux herbacées et se manifeste chaque année à la même saison. Généralement, cette rhinite allergique pollinique revient tous les ans à peu près à la même période, au début du printemps. Il est important de respecter certaines règles d'hygiène pour se prémunir des rhinites allergiques. Ainsi, il est recommandé d'aérer les chambres et la literie quotidiennement et d'éviter les matelas, les couvertures (préférer les couettes), les draps, les oreillers, les habits et les tapis en laine. Il est nécessaire de laver régulièrement les draps, oreillers, couvertures, couettes à 60°C et enveloppez le matelas d'une housse anti-acariens. Il est également conseillé de laisser une place de 10 cm entre les meubles et les murs, pour éviter la concentration d'humidité. Attention aux fenêtres embuées, elles sont signe d'humidité. Pas de plantes dans les chambres, car les moisissures peuvent s'y développer. Il ne faut pas, en outre, surcharger les chambres d'enfants de peluches. La cigarette doit également être banni. En cas d'humidité, supprimez les traces, notamment à l'eau de Javel, tout en n'oubliant pas que l'aération est nécessaire. Il faut savoir que la meilleure façon de prévenir une rhinite allergique, c'est d'éviter l'allergène qui la déclenche et de suivre rigoureusement les conseils de prévention. Toute rhinite allergique peut évoluer vers un asthme dont l'évolution sera plus sévère si la rhinite allergique n'a pas été correctement prise en charge. D'autre part, le diagnostic et le traitement des rhinites persistantes demeurent indispensables afin d'améliorer le quotidien des malades et d'éviter l'apparition d'un asthme. Toutefois, faut-il noter, seul un bilan allergologique permet d'identifier précisément l'allergène responsable et donner un traitement approprié.