Depuis la crise économique mondiale de fin 2008, le débat sur la nécessité de diversifier l'économie nationale s'est intensifié sans pour autant que le défi soit relevé. Même si l'Algérie n'a pas subi les conséquences de cette crise en raison de la déconnexion de son système financier du système international et de la disponibilité de l'argent dans le fonds de régulation des recettes (FRR) institué en 2001, la relance de la machine de production nationale se présentait comme une urgence pour le gouvernement. La hausse de la facture d'importation (médicaments, produits alimentaires, équipements, véhicules…) explique essentiellement cette urgence. Car, en dépit des mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la différente loi pour réduire les importations et encourager en parallèle l'investissement national, le décollement tant attendu de l'économie national n'a pas eu lieu. En dehors de l'agriculture où les résultats sont perceptibles dans certaines filières, dans d'autres secteurs, c'est le statu quo. L'échec de quelques opérations de privatisation n'a fait que compliquer la situation. Ce qui a poussé le gouvernement à lancer des plans de sauvetage au profit des entreprises publiques. Dans la perspective de faire émerger des champions nationaux dans l'industrie, des mesures d'assainissement, de relance et de modernisation de l'outil de production ont été prises. Elles ont touché, entre autres, la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF), Saidal et Air Algérie. Au total, le gouvernement a débloqué 1 000 milliards de dinars dans le cadre du quinquennat 2010-2014 au profit du secteur public. Donc, jusque-là, les aides de l'Etat annoncées ne concernent que les entreprises économiques publiques avec en parallèle des dispositifs pour l'accès au financement et au foncier qui concernent le privé. Ainsi, en complément aux exonérations fiscales décidées dans les précédentes lois de finances et face aux différentes entraves rencontrées sur le terrain, notamment par les jeunes porteurs de projets, les pouvoirs publics ont pris la décision d'alléger les procédures d'acquisition du foncier à travers des réductions sur les prix des redevances locatives, le développement des zones d'activité communales, la réalisation de nouvelles zones industrielles et la mobilisation maximale des ressources financières pour faciliter l'accès au crédit. Ces annonces ont été faites, pour rappel, lors d'un Conseil des ministres tenu en février. Depuis, il n'y a pas eu de suite. Ce n'est que lors de son dernier discours à la nation du 15 avril dernier que le chef de l'Etat est revenu sur le dossier en annonçant un prochain dispositif pour l'amélioration du climat des affaires.Il a parlé d'un programme spécial d'investissements destiné aux entreprises économiques. Cette fois-ci, pas de distinctions entre le privé et le public. Le plus important est de réussir à huiler la machine économique en associant toutes les parties. «Le gouvernement doit réunir les conditions optimales pour libérer les initiatives à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et, en général, l'instauration d'un climat propice aux affaires et à l'investissement», a noté, pour rappel, M. Bouteflika dans son discours plaidant pour une action sérieuse. L'on s'attend à ce que ce plan fasse l'objet de communication et d'explication. Mais avant, le gouvernement est appelé à en tracer les grandes lignes conformément aux orientations du Président, c'est-à-dire en impliquant toutes les parties. Car il s'agit de promouvoir l'entreprise et de la rendre compétitive autant sur le plan interne qu'externe. Et ce, en mettant fin aux freins à l'investissement et en libérant les initiatives dormantes. Comment ? En plus de la nouvelle loi sur les PME qui sera soumise prochainement au gouvernement, des changements sur le plan juridique sont prévus dans le monde des affaires à travers la simplification des procédures jugées «complexes», notamment par les partenaires étrangers. En effet, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, Mohamed Benmeradi, a donné certains indices lors de sa visite à Paris cette semaine. «Le gouvernement s'attelle, à la lumière du dernier discours à la nation du Président Bouteflika, à la mise en place d'une véritable refonte du système juridique afin d'améliorer le climat des investissements et des affaires», en Algérie, a assuré le ministre. Il reconnaît donc que le blocage est principalement d'ordre juridique.Dans le même sillage, l'hôte de Jean-Pierre Raffarin a indiqué que ces mesures devraient prendre en charge les préoccupations de l'environnement juridique de l'investissement. Apportera-t-on des changements à la mesure 49-51% ? Ira-t-on jusqu'à reprendre les entreprises privatisées dont les résultats se font attendre ? Généralisera-t-on l'option de reprise par l'Etat des entreprises privées en difficulté comme c'est le cas pour Tonic Emballage ? Ce sont autant d'interrogations à éclairer. L'optimisme est permis pour un pays dont les besoins sont importants sur le plan économique et dont les recettes en hydrocarbures avec les cours actuels du brut lui permettent d'investir dans l'outil de production et non pas uniquement dans les infrastructures de base. S. I.