De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Les différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics dans le cadre de l'emploi, du logement et dans les autres domaines ont engendré une affluence nombreuse de citoyens, dont la majorité est à la recherche d'un complément d'informations sur les procédures administratives et les pièces qu'il faut fournir au niveau de chaque organisme, d'autres viennent pour exposer leurs problèmes et préoccupations. Depuis quelque temps, un grand nombre de services au sein de certaines administrations ont été instruits d'ouvrir leurs portes demeurées, par le passé, longtemps hermétiques aux citoyens, afin d'écouter les doléances exprimées par ces derniers. Non habitués à recevoir autant de monde, des fonctionnaires agissent souvent plus dans le but de l'application de recommandations dictées par la hiérarchie que dans un quelconque souci de se rapprocher des administrés. L'administration qui, par définition, se doit d'être au service du citoyen, s'est confinée dans des pratiques héritées des années de plomb et d'autoritarisme.Malgré les directives, l'accueil des plaignants tend à changer sur la forme mais reste insuffisant sur le fond. Beaucoup de citoyens s'adressent à l'administration mais sortent déçus pour n'avoir pas réglé leurs problèmes, les plus chanceux d'entre eux en ressortent avec une exigence de fournir une liste de pièces administratives. Les institutions locales les plus en vue et les plus sollicitées restent les APC, l'APW pour les organismes élus, les caisses d'assurance, les directions de l'emploi, de l'éducation, de la jeunesse et des sports, de l'action sociale, des domaines, des impôts. Dans la majorité des instances exécutives, deux demi-journées par semaine sont réservées à l'accueil des citoyens. Souvent le premier responsable s'arrange pour programmer une réunion, un déplacement... la réception est alors confiée à un subalterne qui n'a pas le pouvoir de prendre des décisions, lesquelles sont alors renvoyées à une date ultérieure et le citoyen repart comme il était venu. S'agissant des assemblées communales, les requêtes et les préoccupations soulevées dans les audiences sont souvent difficiles à satisfaire. La majorité des citoyens viennent pour un emploi ou un logement. Ces cas ne relèvent plus des compétences des maires, ce qui suscite de la rancœur et de la colère parmi la population, par méconnaissance de la réglementation en vigueur.Face à l'augmentation du nombre de prestations, qui vont de la simple légalisation de la photocopie d'un document à un extrait d'acte de naissance, les citoyens et les agents des services communaux ont, à chaque rentrée sociale, du pain sur la planche et un parcours du combattant à effectuer. Cela exige d'eux de s'armer d'une grande dose de patience, à défaut de quoi les rapports entre administrés et administrateurs virent souvent à des altercations et des engueulades. A l'instar des autres régions du pays, dans la wilaya de Bouira, on assiste quotidiennement à cette situation déplorable où des citoyens des deux bords des guichets s'entre-déchirent, pour un oui ou un non. Souvent, les agents se trouvent dépassés par le nombre de citoyens devant les guichets, où travaille un nombre réduit d'employés dans un espace relativement exigu et dont la construction remonte à plus de 20 ans, alors que le nombre d'habitants de chaque municipalité a presque quadruplé depuis.Sur un autre registre, les citoyens s'interrogent sur la pénurie d'imprimés concernant certains documents très demandés. Cette situation qualifiée par les citoyens d'anarchique est plus ressentie au niveau des grandes agglomérations, Bouira, M'chedallah, Lakhdaria et Sour-El-Ghozlane, où affluent quotidiennement des milliers de citoyens habitant des communes rurales, ceci du fait que ces villes sont les seuls endroits où les administrés peuvent, en même temps, régler leurs problèmes administratifs ou s'enquérir des suites données par rapport à une requête adressée aux responsables. Un maire peut recevoir 1 000 citoyens par jour sans pouvoir solutionner un seul problème quand les solutions relèvent de chefs de daïra insoucieux de l'intérêt du citoyen. La tendance à ignorer les courriers, à ne jamais vouloir répondre, pousse les citoyens à se déplacer vers les enceintes administratives.