Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Sur le plan des statistiques, les responsables ont indiqué, lors des réunions relatives à l'emploi au niveau de la wilaya, que le taux de chômage est en dessous de 12% mais en même temps ils ne cachent pas la réalité du terrain sur l'emploi informel, auquel ont recours un grand nombre de chômeurs. En dépit de la vocation agricole de la wilaya et des diverses opportunités existant, peu de jeunes sont attirés par les activités dans ce domaine. Pour les anciens agriculteurs, il est devenu maintenant difficile de voir un jeune s'intéresser au greffage, au taillage des arbres fruitiers, ou de trouver un ouvrier spécialisé dans le travail des champs et du maraîchage.Par ailleurs, l'ensemble des responsables considèrent que la solution à ce problème réside dans la venue d'investisseurs susceptibles de créer des emplois à travers la wilaya. De ce fait, ces derniers mois, la question du chômage est devenue l'une des préoccupations majeures des pouvoirs publics, car en tête des causes qui conduisent à l'explosion sociale. Au fil des jours, il est à signaler que ce problème touche les jeunes sans qualification, les jeunes diplômés des universités et ceux des centres de formation, ainsi que les travailleurs embauchés comme des contractuels ou dans le cadre des dispositifs d'emploi de jeunes et du filet social.En effet, ces dernières semaines, la wilaya a enregistré nombre de protestations de jeunes en quête d'emploi et de ceux licenciés par leur entreprise, notamment à Sour El Ghozlane, où des centaines de jeunes chômeurs, pour la majorité des diplômés, issus des quartiers pauvres de la même localité, avaient protesté devant le siège de la daïra et celui de l'Agence d'emploi, pour dénoncer l'absence de transparence dans les traitements des dossiers des demandeurs d'emploi au niveau de l'Alem. Des travailleurs récemment licenciés par l'Entreprise nationale des détergents et produits d'entretien (Enad) se sont joints aux premiers protestataires pour crier le caractère injuste de la décision prise par leur entreprise. Ces derniers ont fermé la voie publique à plusieurs reprises, avant d'aller exposer leurs doléances aux autorités locales, alors qu'une délégation des contestataires a été reçue par le chef du cabinet du wali de Bouira.Selon des sources, les responsables de l'Enad justifient leur refus de reprendre ces contractuels par le fait que l'entreprise pourrait être asphyxiée par des difficultés financières, alors que des travailleurs, accablés par cette situation, ont menacé de se donner la mort en public. Sur un autre registre, la Direction de l'emploi a avancé le mois de novembre dernier le chiffre de quelque 34 077 postes d'emploi créés dans la wilaya de Bouira en 2010 à la faveur des différents dispositifs nationaux dédiés à l'emploi. Dont 15 269 postes d'emploi provisoires, mis en place dans le cadre des divers dispositifs d'emploi alternatifs (le DAIP avec 1 351 emplois, la prime d'intégration des diplômés universitaires avec 1 351 postes, les activités d'intérêt général 5 600 postes, et 4 838 emplois pour le dispositif d'activités d'intérêt social). La Direction de l'emploi fait état également de la création de 15 983 postes d'emploi, dont 3 934 permanents dans les secteurs administratif, industriel, commercial, le transport, les travaux publics, l'hydraulique, les forêts, l'agriculture et autres. Sur cet ensemble de chiffres qui représentent une performance pour les responsables, les différents créneaux qui existent dans le secteur agricole sont totalement ignorés par les demandeurs d'emploi, notamment ceux disposant d'une formation spécifique. Certains d'entre eux préfèrent les travaux moins salissants et moins fatigants, sinon des emplois non loin du lieu de résidence, indique un agriculteur de Bouira. Quant à l'apiculture, l'oléiculture et l'élevage, qui offrent des opportunités sociales sûres, elles sont boudées par les jeunes demandeurs d'emploi, y compris ceux dont les parents sont des propriétaires terriens ou des agriculteurs. Leur intérêt est plutôt orienté vers les activités commerciales, les prestations de services ou les emplois administratifs dans le secteur de l'éducation ou des collectivités locales.