Durement impactés par la sécheresse qui a frappé le bassin inférieur de l'Amazone en 2010, dauphins d'eau douce, oiseaux et poissons - ressource essentielle pour les populations locales - recommencent doucement à prospérer. Mais des épisodes identiques sont à craindre dans les prochaines années. Dans la rivière Samiria, un des principaux affluents du cours inférieur de l'Amazone, à cause de la sécheresse de 2010 et de la baisse de niveau de l'eau consécutive, le nombre de dauphins roses avait chuté de près de la moitié par rapport à 2009, passant de 250 à 140 individus dans la réserve nationale de Pacaya Samiria, au Pérou. Mais le Dr Richard Bodmer, de l'Université du Kent, et son équipe de chercheurs péruviens, soutenus par des bénévoles de l'ONG Earthwatch, constatent aujourd'hui un regain de cette population.En mars 2011, elle était remontée, dépassant même de 10% les effectifs de mars 2010. Même chose pour les dauphins gris locaux, en hausse de 30%. Retour des aras, également, qui avaient apparemment quitté la réserve ou sont morts en grand nombre lors de la sécheresse. Plusieurs communautés d'Indiens Cocama, vivant sur les rives de la Samiria, attendent anxieusement que les stocks de poisson se reconstituent, et parlent encore de la sécheresse de l'an dernier, inquiètes de la voir se répéter à l'avenir : «Notre collectivité dépend du poisson. Nous ne pouvions plus en manger, car il était infecté», dit Tedy Yuyarima, un chaman de 42 ans. Mais les indices observés donnent à penser que le nombre de poissons va se rétablir, selon le Dr Bodmer, qui déclare : «C'est un très bon signe, et cela suggère que la rivière Samiria se remet de la sécheresse de 2010.» Toutefois, la situation du caïman à lunettes reste préoccupante, avec des effectifs encore inférieurs de 60% à ceux du début 2010. Par ailleurs, les niveaux d'eau sont à nouveau extrêmement élevés, et les autorités locales ont même déclaré l'état d'urgence... «Nous ne pouvons pas ignorer ces grands événements mondiaux, qui ont un impact sur les écosystèmes locaux et les gens d'ici. Pour le moment, ces impacts m'inquiètent, mais ils ne sont pas aussi dramatiques qu'ils pourraient l'être. Mais si ces deux extrêmes météorologiques continuent à l'avenir, cela pourrait changer», avertit le scientifique.