Le ridicule ne tue pas ! Le FLN se discrédite en s'acoquinant avec le tueur de son peuple. Belkhadem envoie Bouguettaya pour représenter le vieux parti dans un spectacle burlesque où des tribus font allégeance à celui qui protège leurs intérêts tribaux et qui, par son attitude, menace les intérêts de l'Algérie. Par ce geste inutile, le FLN de Belkhadem tranche publiquement le cordon ombilical qui le liait à la lutte du peuple algérien pour sa liberté, sa dignité et ses droits humains. Au-delà de ce faux pas gravissime, le FLN risque d'entraîner l'Algérie dans un embarras diplomatique sans précédent. Pourtant, Belkhadem s'est essayé à la diplomatie pour maîtriser ses élans et ses ardeurs personnels qu'il n'a pas le droit de confondre avec les sentiments d'une nation, encore moins avec les diverses opinions qui traversent la société algérienne. Notre confrère chroniqueur Kamel Daoud a parfaitement raison de dire que le FLN considère l'Algérie post-coloniale comme un butin de guerre et, à ce titre, il s'arroge le droit de parler en son nom comme il l'a toujours fait sous l'ère du parti unique. Octobre 1988 a été une gifle historique que le FLN travesti à reçue et un démenti formel à sa représentation putative et à la pensée unique qui n'était unique que dans les médias monopolisés pendant près de trente ans. Bouguettaya ne représente que ses semblables qui ont toujours soutenu et applaudi les dictateurs, les potentats et les mégalomanes. Le FLN, s'il assume les propos de Bouguettaya tenus sous la tente de la honte, ne représente que ceux qui se reconnaissent dans ce discours laudateur dont la vision du monde et des peuples est aussi archaïque que les dinosaures fossilisés qui s'imposent aux peuples au nom d'on ne sait quelle légitimité et, à défaut, par des chars. Si les Libyens attendent leur salut des Occidentaux, c'est parce que les régimes arabes se serrent les coudes contre les peuples et ne pensent qu'à sauver leur pouvoir, advienne que pourra. Si l'Occident intervient directement en Libye, c'est parce que les Arabes, que Bouguettaya veut unir contre les peuples, ont prêté le flanc et ont accepté le fait accompli de l'Occident, de l'Otan et d'ailleurs. L'Algérie, consciente du risque que représente une guerre civile en Libye, consciente des conséquences géopolitiques et sécuritaires d'une intervention étrangère en Libye, s'est interdit toute implication, d'une manière ou d'une autre, dans une aventure politique aux lendemains incertains, aussi bien pour la Libye que pour toute la région sahélo-saharienne. L'Algérie s'en est remise à l'Union africaine, espace naturel du règlement des conflits et crises du continent. Qui affaiblit l'Afrique et l'empêche ainsi de jouer son rôle ? N'est-ce pas les Arabes d'Afrique et les Africains. Certes, l'Algérie n'a pas choisi une partie libyenne contre une autre. Mais de là à ce qu'un membre de la direction du FLN applaudissent un dictateur illuminé, qui massacre une partie de son peuple, c'est aller trop vite en besogne. Le président de la République est président d'honneur du FLN. A ce titre, il est interpellé pour qu'il mette un terme à ces illuminés du FLN ou de tout autre parti, qui parlent au nom de l'Algérie et de tous les Algériens. D'autant plus que le parti «majoritaire» au Parlement n'est majoritaire qu'avec moins de 30% des électeurs. Les électeurs du FLN n'ont jamais mandaté Bouguettaya ou Belkhadem pour soutenir un tueur contre le peuple. A. G.