Le secrétaire général du FLN menace ses opposants de les faire comparaître devant l'instance de discipline. Il n'y a pas eu de déclaration tonitruante de Belkhadem à propos des redresseurs du parti. Mais le secrétaire général du FLN a préféré suivre la méthode organique pour les isoler. Hier, le SG s'est donc satisfait d'inviter la presse à se référer au communiqué du bureau politique rendu public avant-hier. Au siège du parti, la priorité était accordée à l'Etat de droit, sujet sur lequel il y a eu forum hier en présence de Belkhadem. Ce dernier trouve normal que les ministres, les autres cadres et militants frondeurs soient sanctionnés conformément au statut du FLN. Le reste de l'intervention de Belkhadem est consacrée à l'ordre du jour de la rencontre d'hier. Pour le secrétaire général du parti, il ne sert à rien de disposer de structures de santé avec les appareils modernes importés si le citoyen reste insatisfait des prestations de services. Selon lui, le fait que des commissions du FLN soient instituées pour établir un suivi des préoccupations du citoyen n'est nullement une démarche pour discréditer l'action du gouvernement. Pour preuve, il en vient au fait que les ministres successifs à la tête du ministère de la Santé sont issus de son parti, et ce, depuis des années. Une fois que ce constat est établi, Belkhadem pense que l'Etat de droit ne peut être une réalité palpable si le service public ne répond pas aux aspirations des citoyens. Que ce soit en sollicitant les services d'Air Algérie, d'une daïra ou d'un hôpital, le citoyen est toujours insatisfait. Pour mettre fin à cette situation, Belkhadem veut associer d'autres partis. Bouguerra Soltani, président du MSP, était d'ailleurs présent à la rencontre d'hier. Ce fut aussi le cas pour des cadres du RND et d'autres personnalités venant des institutions comme Rezzag Bara, conseiller du président de la République. Belkhadem voit d'autres vertus dans l'organisation de telles rencontres. Il veut qu'on cesse de taxer les partis comme appartenant à un courant islamiste, baâthiste, nationaliste ou démocratique. Le FLN est tout cela à la fois, explique-t-il. Il justifie sa sentence en arguant du fait que la société qui est diverse, et qu'il entend représenter tout le peuple, ce qui fait d'eux des nostalgiques du populisme. C'est toujours une bonne chose de se rappeler du bon peuple à la veille des élections pour espérer galvaniser les foules. Le choix du timing n'est pas non plus innocent car cette rencontre intervient en plein débat sur le bilan du gouvernement présenté par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Ce qui laisse entendre que ce dernier est loin de faire de l'Etat de droit et des droits de l'homme son credo, son action est axée sur les réalisations économiques. Des forums, c'est tout aussi bon pour la direction du FLN qui entend faire étalage de ses réalisations à la face des opposants de Belkhadem. En tout cas, le fait que le bureau politique du parti intègre en son sein un poste dédié à l'Etat de droit et aux droits de l'homme renseigne sur l'évolution des moeurs de la base politique qui avance à tâtons pour sortir de son isolationnisme. Tous ces efforts tendent à instaurer une crédibilité de l'homme politique et partant de l'Etat. Mais il n'est pas dit que ces bonnes intentions puissent suffire pour atteindre cet objectif: le fossé s'étant élargi entre les deux bords au fil des ans. Verser des indemnités à un électeur qui n'est plus à la fleur de l'âge, qui sont l'équivalent de plusieurs Snmg alors que les jeunes sont sans emploi n'est pas fait pour arranger les choses.Rezzag Bara veut, de son côté, décharger l'Etat de ses missions pour réduire ses contacts avec le citoyen. Il remarque qu'il y a de plus en plus de services qui sont cédés en concession au privé, à quoi s'ajoutent les nouvelles technologies de l'information qui créent des barrières supplémentaires entre le citoyen et l'administration. Ce n'est pas ce qui empêche Rezzag Bara d'encourager le recours à ces méthodes de gestion. Après cela, il prône une plus grande connexion entre les deux pôles en appelant à l'émergence de nouvelles pratiques comme la démarche participative. Toutes ces idées sont censées influencer le processus de décision du gouvernement au moment où il prépare la loi sur la commune et un nouveau découpage administratif. Belkhadem est intervenu à plusieurs reprises lors de la rencontre. Il estime que l'Algérie est dotée d'un arsenal juridique assez fourni, quoique le citoyen n'ait pas le sentiment que ses droits soient protégés. Il continue à être vu par le prestataire de service comme une source de désagrément, dit Belkhadem. Ce dernier craint que le concept d'Etat intelligent utilisé par Rezzag Bara ne soit un prétexte pour l'administration de se dérober à ses obligations même inscrites dans les lois. Bouguerra Soltani déplore l'absence de sanctions à l'encontre des auteurs des mauvaises prestations qui sont au contraire promus. En tant que citoyen, Bouguerra pense que presque personne n'est satisfait de son poste et va jusqu'à dire que certains ministres ne sont là que de manière fortuite et sans conviction. Il est tout de suite applaudi par l'assistance. D'autres participants se sont réjouis que le juge des référés soit dans la capacité de se saisir des affaires de violation des libertés et de statuer en 48 heures. C'était la contribution du professeur Ghenaï Ramadane. Les droits des partis et des associations peuvent être protégés de cette façon. Comme ceux des citoyens ayant fait l'objet d'expropriation pour utilité publique, s'il s'estiment lésés dans leurs droits. Les participants n'ont pas manqué d'aborder la question de la levée de l'état d'urgence.