Le colonel Mouammar Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et le chef des renseignements Abdallah Al-Senoussi sont visés, depuis hier, par des mandats d'arrêt demandés par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, pour «crimes contre l'humanité». «Les preuves recueillies montrent que Mouammar Kadhafi a personnellement commandé des attaques contre des civils libyens non armés», a déclaré Luis Moreno-Ocampo, lors d'une conférence de presse à La Haye. Il a également demandé aux juges, dans une requête déposée hier matin, de délivrer un mandat d'arrêt contre le fils du colonel Kadhafi, Seif Al-Islam, qu'il accuse d'organiser le recrutement de mercenaires. La troisième personne visée par le procureur est le «bras droit» et beau-frère de Kadhafi, Abdallah Al-Senoussi, qui est soupçonné d'avoir «personnellement ordonné certaines attaques».Les juges de la CPI peuvent décider d'accepter la requête du procureur, la rejeter ou demander au bureau du procureur des informations supplémentaires.Cette demande de mandats d'arrêt contre Kadhafi et ses proches, saluée par la Grande-Bretagne, intervient alors que les autorités libyennes ont réaffirmé leur volonté de mettre fin à la crise par des moyens diplomatiques. Tripoli, qui a reçu, dimanche dernier, l'envoyé spécial de l'ONU, a, tout en dénonçant les abus de l'Otan, réaffirmé que le régime souhaitait «un cessez-le-feu immédiat qui coïnciderait avec un arrêt des bombardements de l'Otan». Le chef du gouvernement libyen, Baghdadi Mahmoudi, a souligné «l'acceptation d'observateurs internationaux pour superviser la mise en œuvre du ce cessez-le-feu». Tenant réellement à sortir de la crise, des personnalités officielles libyennes ont également été envoyées en Tunisie dimanche dernier. Mais, alors que les efforts du régime libyen se multiplient pour résoudre la crise, les troupes de l'Otan continuent leurs frappes aériennes.L'empressement du régime libyen à trouver une solution politique au conflit armé qui a éclaté dans le pays depuis trois mois émane de la volonté de faire cesser les dégâts causés par les bombardements de l'Otan et d'arrêter l'effusion de sang mais aussi par le fait que la Libye commence réellement à sentir l'isolement. La Ligue arabe ou encore l'Union africaine n'ayant pu apporter aucune aide concrète, la Libye fait face, seule, à toutes les pressions internationales. D'ailleurs, la Ligue arabe, qui vient d'élire son nouveau secrétaire général, a demandé hier à Arabsat de cesser la transmission des chaînes de télévision étatiques libyennes «conformément à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU».Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini qui, depuis quelques jours, multiplie les déclarations pour augmenter la pression sur le régime libyen, a assuré hier que «les heures du régime libyen sont comptées et la communauté internationale s'emploie à trouver un exil à Mouammar Kadhafi».La Russie, qui s'est toujours opposée à toute intervention en Libye, a décidé, pour sa part, d'entrer en jeu et de tenter de trouver un terrain d'entente entre le régime et les rebelles. Elle a annoncé hier qu'elle allait recevoir les délégations des deux parties en conflit. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a dit que des émissaires du dirigeant libyen sont attendus aujourd'hui à Moscou avant la visite ultérieure de représentants de la rébellion.Sur le terrain, de nouvelles frappes ont été menées dans la journée d'hier par les forces de l'Otan dans le quartier de Tajoura, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Tripoli, où un site de radars, situé au milieu des habitations, a été détruit. Des déflagrations ont été également entendues dans d'autres régions plus à l'est. H. Y.