La Fifa a fait l'objet, le 10 mai dernier, de nouvelles accusations de corruption devant une commission d'enquête parlementaire britannique, à propos des conditions d'attribution, fin 2010, des Coupes du monde de football 2018 et 2022. Et comme c'est de coutume, des responsables de la Confédération africaine de football sont cités dans ces accusations.Au-delà des probables manipulations qui, éventuellement, peuvent entacher ce genre d'affaires, étant donné que ces accusations ne sont divulguées qu'à la veille d'un rendez-vous important de la Fifa, le fait que des responsables de la CAF soient cités à chaque fois qu'il y a un scandale lié à la corruption au sein de la Fifa discrédite l'instance africaine. Il est à rappeler que les médias britanniques avaient déjà accusé de corruption plusieurs membres de la Fifa, fin 2010, à la veille de la désignation des pays hôtes des Mondiaux 2018 et 2022. Après enquête, la Fifa avait suspendu, pour une durée d'un à trois ans, deux membres de son comité exécutif, le Tahitien Reynald Temarii et le Nigérian Amos Adamu, pour mauvaise conduite ou corruption. Des accusations de corruption en attendant des preuves Pour revenir à cette affaire plus récente, un député britannique du nom de Damian Collins a affirmé le 10 mai dernier que des éléments non encore divulgués d'une enquête de l'hebdomadaire Sunday Times prouvent que le Camerounais Issa Hayatou, vice-président de la Fifa et président de la Confédération africaine (CAF), et un autre membre du comité exécutif, l'Ivoirien Jacques Anouma, ont monnayé leur vote pour le Qatar. «L'enquête du Sunday Times, que nous publierons plus tard, affirme que 1,5 million de dollars ont été payés aux membres du comité exécutif de la Fifa Issa Hayatou et Jacques Anouma, qui ont voté pour le Qatar», a affirmé M. Collins. Pour sa part, l'ex-président démissionnaire du comité de candidature anglaise pour le Mondial 2018, Lord David Triesman, a mis en cause devant la commission d'enquête des membres de la Fifa, les accusant de comportements «incorrects et non éthiques». Il a notamment cité Jack Warner, l'influent président de la Concacaf (Amérique du Nord et centrale) ainsi que le président de la Fédération sud-américaine (Conmebol), le Paraguayen Nicolas Leoz, celui de la Fédération brésilienne Ricardo Teixeira et celui de la Fédération thaïlandaise Worawi Makudi.Bien évidemment, les mis en cause ont tout nié en bloc. Si le président de la Fifa, Joseph Blatter, candidat à sa succession, a immédiatement promis de prendre des mesures si les faits étaient avérés, les autres responsables des institutions footballistiques ont démenti ce qu'ils qualifient d'allégations en relevant le fait que les Anglais n'ont pas encore «digéré» leur élimination de la course pour l'organisation du Mondial 2018, attribuée finalement à la Russie. L'ancien président démissionnaire du comité de candidature anglaise pour le Mondial 2018, Lord David Triesman, «essaye de masquer son fiasco avec de fausses accusations qui ne sont étayées d'aucune preuve», a estimé Nestor Benitez, porte-parole du Conmebol, la Fédération sud-américaine de football. «C'est un grand imposteur», a-t-il poursuivi. Issa Hayatou réfute «catégoriquement» les accusations De son côté, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou, a réfuté «catégoriquement» les nouvelles accusations de corruption portées à son encontre. M. Hayatou «ne saurait laisser des journalistes, dont le travail consiste à créer et vendre du faux, porter atteinte à sa personne et à son leadership, où intégrité, éthique et transparence font partie intégrante de ses valeurs et principes», a écrit le lendemain la CAF sur son site Internet. Il qualifie «ces accusations, apportées sans preuve, de pures inventions, destinées encore une fois à jeter le discrédit sur sa personne. Le président attend donc avec impatience des preuves, car comme le Sunday Times l'affirme lui-même, il s'agit «d'accusations qui restent à démontrer», ajoute-t-on.Allant dans le même sens, le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Anouma, a exprimé son «profond étonnement» face aux graves allégations de corruption. L'Ivoirien «réfute fermement ces allégations aussi grossières que mensongères». La CAF rappelle que «dans le cadre de la campagne des pays candidats à l'organisation des Coupes du monde 2018 et 2022, le comité de candidature du Qatar 2022 avait formulé une offre pour sponsoriser l'assemblée générale de la CAF pour un montant de 1,8 million de dollars». «En contrepartie, les chargés du dossier du Qatar ont obtenu l'exclusivité de s'adresser à l'assemblée générale et de présenter leur candidature», poursuit la CAF. L'instance africaine précise, en outre, que «cette opération a d'ailleurs été approuvée par le comité exécutif lors de sa réunion le 8 janvier 2010 à Luanda, Angola, et concrétisée par la signature d'un contrat entre les deux parties». D'ailleurs, le comité exécutif de la Confédération africaine de football apporte son «soutien sans réserve» à MM. Issa Hayatou et Jacques Bernard Anouma, respectivement vice-président de la Fifa et membre de son comité exécutif et se déclare «solidaire avec eux», suite aux accusations «non fondées» du Sunday Times.Ainsi, comme signalé plus haut, rien n'indique pour l'instant que ces accusations sont bel et bien «fondées». Ces polémiques éclatent souvent à la veille d'un rendez-vous important de la Fifa. Les précédentes accusations ont été lancées quelques jours avant la désignation des pays organisateurs des Coupes du monde 2018 et 2022. La Fifa avait sanctionné deux de ses cadres, en l'occurrence le Tahitien Reynald Temarii et le Nigérian Amos Adamu. Mais l'affaire n'est pas allée plus loin. Cette fois-ci, d'autres accusations sont lancées à la veille des élections concernant la présidence de la Fifa, prévues le 1er juin prochain. Rien n'indique que cette affaire n'a pas été provoquée pour influencer ces élections.Mais quel que soit l'objectif, cela ne peut, en aucune manière, occulter le fait que la multiplication des scandales liés à la corruption au sein de la Fifa en dit long sur la manière de gérer les affaires footballistiques par l'instance internationale. Et le fait que des responsables de la CAF soient à chaque fois cités dans ces affaires implique davantage ces derniers. R. S. /agences