Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La santé est dans l'assiette, dit-on. Mais les consommateurs de la région de Kabylie n'ont malheureusement pas les moyens de contrôler ce qu'ils consomment ou ce dont ils ont besoin dans leur vie de tous les jours comme, par exemple, les articles divers de première nécessité, l'alimentation générale, les pièces de rechange, l'habillement... D'ailleurs, les associations dites de consommateurs s'avouent battues par l'ampleur de la contrefaçon qui se révèle au fil des jours, en plus des contraintes liées à leur gestion interne et au manque de compétences spécialisées au sein des commissions installées à cet effet. Sans omettre le peu d'intérêt ou carrément le mépris qu'affichent au grand jour les autorités en charge de la protection des consommateurs envers ces acteurs importants de la société civile, à l'exception des périodes qui précèdent les échéances électorales. Des promesses sans lendemain bien sûr ! L'épisode plus que regrettable qu'ont vécu la semaine dernière des dizaines de résidentes de la cité universitaire de M'douha (la plus ancienne cité de filles de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou) est à ce titre plus qu'éloquent. Victimes d'une intoxication alimentaire massive, plus d'une cinquantaine d'étudiantes ont passé la nuit au service des urgences du CHU Nedir-Mohamed et soignées sur place par des équipes du Samu suite à la consommation d'un aliment avarié servi au restaurant universitaire, selon une source hospitalière. Le lendemain, une marche spontanée regroupant des centaines d'étudiantes a eu lieu au cœur de la ville, poussant les responsables de tutelle à limoger le directeur de la cité dont le départ a été exigé par le comité des étudiantes durant son action de rue.Cela dit, il est utile de souligner que la wilaya de Tizi Ouzou souffre de l'absence d'infrastructures de base pour la bonne maîtrise des échanges commerciaux à tous les niveaux, entre les différentes catégories impliquées directement ou indirectement dans l'approvisionnement des consommateurs. On pourrait citer les marchés réguliers (marchés couverts et marchés de proximité) dont la quantité et, surtout, la qualité font défaut sachant que les collectivités locales qui les gèrent se battent dans des crises cycliques de financement des plus simples projets de leurs électeurs. Cette situation est, rappelons-le, source de déviations et de violations des règles de commercialisation des produits de première nécessité à travers des pratiques informelles de l'activité commerciale de façon globale. Le nombre de commerces informels et ambulants qui jonchent les trottoirs des chefs-lieux urbains et les chaussées à plusieurs endroits de la prisée RN 12 en est l'exemple le plus frappant. Et l'opération chasse aux commerces anarchiques enclenchée par des unités des services de la Sûreté de wilaya de Tizi Ouzou le week-end dernier, qui s'est soldée par la destruction de dizaines de baraques et l'interdiction d'étaler toute marchandise dans les espaces inadéquats, renseigne sur la disponibilité des habitants à collaborer avec ce genre d'actions qui libèrent les piétons et soulagent les commerçants réguliers sans parler du climat de quiétude et de sécurité que crée cette initiative tant attendue dans l'esprit de la population dans son ensemble. A ce sujet, beaucoup parmi les tuteurs de famille regrettent la bonne tenue des marchés hebdomadaires qui étaient avant «la libéralisation du marché» les seuls sites d'approvisionnement des foyers. Ils étaient mieux contrôlés et les marchandises décevaient rarement les consommateurs qui faisaient ainsi, une fois par semaine ou par mois, leurs emplettes à des prix plus ou moins abordables. De nos jours, les marchés dits réguliers relevant pour leur grande majorité du vieux bâti sont tellement délaissés qu'ils répugnent toute fréquentation des potentiels acheteurs ou même visiteurs. C'est la débandade totale ! Le projet de construction d'un marché de gros, idée d'un privé, n'a pas encore vu le jour et le programme de réhabilitation de 14 marchés communaux ne prend toujours pas de l'élan. A douter que le statu quo et, pis encore, la régression arrangeraient certains cercles…