Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les autorités locales de la wilaya de Tizi Ouzou ont annoncé au début de cette année 2009 leur volonté de mettre en œuvre durant le plan quinquennal 2009-2013 les actions de développement inscrites et prévues pour le… quinquennal précédent (1999-2008). Sans pour autant se remettre en cause, les responsables avancent des projections qui auraient dû être comptabilisées durant ces cinq dernières années parmi les réalisations de base pour relancer le développement local de la région de Kabylie qui souffre de sous-développement endémique poussant des populations à se déplacer vers les «grandes» villes à l'intérieur du pays ou à l'étranger, devenu le rêve de la quasi-totalité des jeunes. Si le développement d'une région se mesure à l'objectif fixé d'épanouir les multiples domaines de la vie de la population, la wilaya de Tizi Ouzou (1 119 646 habitants, RGPH 2008) est parmi les régions plus dépourvues. Le taux de natalité (seize fois moins que celui qui prévaut à l'échelle du pays), le taux de chômage qui dépasse les 60% dans certaines localités, le nombre d'écoles fermées à chaque rentrée scolaire et l'exode qui frappe de plus en plus les familles et la population active en plus des retards dans le lancement et la réalisation des chantiers considérés comme importants sont des indices qui feront tomber d'un coup toutes les belles paroles des autorités locales et autres sur le niveau de développement de la wilaya de Tizi Ouzou. Mais du côté des tutelles concernées, quand on veut voiler la réalité, on recourt aux chiffres, revus à la baisse ou à la hausse avec en plus des contradictions, c'est selon le «grade» de l'acteur politique en charge de discourir, le taux d'avancement, les causes du manquement aux délais de livraisons, les interminables «contraintes» ; et, bien sûr, pour mieux faire durer la politique du surplace, on préfère parler de plans quinquennaux plutôt que d'objectifs à court, moyen et long terme à atteindre.En voici des exemples : la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié pour le programme quinquennal 1999-2008 de 252 milliards de dinars et de 232 milliard de dinars pour le plan de développement de 2009-2013. La wilaya de Tizi Ouzou a consommé 17 milliards de dinars de son budget global de 50 milliards de dinars, l'équivalent de 57%, selon des chiffres rendus publics par la wilaya. L'objectif affirmé, pour les cinq prochaines années, des responsables locaux dans cette ambiance de pré-élection, c'est de… rattraper les retards accumulés durant les cinq dernières années. Et les gâchis en la matière ne manquent pas. Exemples : le projet d'aménager en axe autoroutier le trajet Azazga-Tizi Ouzou sur 37,5 kilomètres, l'évitement de la ville d'Azazga, la voie ferrée devant relier la ville de Tizi Ouzou à sa périphérie Est sur 14 kilomètres, projet datant de 1994, l'aménagement en autoroute sur 3 kilomètres du chemin de wilaya (CW) n°244, un taux de pénétration de gaz ne dépassant pas les 28%, un taux d'assainissement de seulement 67%, un seul centre d'enfouissement technique (CET) pour toute la wilaya, l'agriculture toujours en panne ou victime de fausses politiques de développement local…M. Ahmed Ouyahia, Premier ministre, faisait endosser, à la fin de l'année dernière, le retard en matière de développement économique aux événements du printemps noir de Kabylie (2001-2005), à la dangereuse situation sécuritaire dans la région de Kabylie et à la nature des biens fonciers de la région qui appartiennent en majorité aux particuliers. Les autorités locales sont allées récemment dans le même sens en chargeant «l'outil de réalisation», c'est-à-dire les entreprises qualifiées, pour expliquer les travers des actions du développement local. «La wilaya de Tizi Ouzou ne dispose pas de l'outil de réalisation pour concrétiser les programmes de développement», affirmait le wali lors de cette conférence consacrée à «l'outil de réalisation» comme si on voulait saper le moral des entrepreneurs opiniâtres locaux qui se battent encore tous les jours contre les obstacles que leur dresse l'administration dans l'accomplissement des lourdes procédures ou bien faire croire que la création et l'encouragement d'entreprises de qualité et en nombre conséquent relèvent de tâches titanesques. Que cherche-t-on à cacher à travers ces explications décousues ?