Photo : Riad de notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'administration chargée des circuits de commercialisation dans la wilaya de Tizi Ouzou est incapable de fournir des arguments pour convaincre les consommateurs sur la flambée des prix des fruits et légumes de saison, des viandes et autres denrées alimentaires à la veille de chaque mois de Ramadhan, période propice à toutes sortes d'excès. Mais tout le monde crie à l'injustice. Les commerçants «légaux» se plaignent de «l'impuissance des services de l'Etat à faire face aux fraudeurs», qui seraient plus nombreux en ces occasions où la demande monte en flèche, et les consommateurs, de leur côté, se disent abandonnés par les services étatiques de régulation et de contrôle aux mains de «la maffia du marché». On se plaint de tout et de rien, mais d'année en année, la situation est loin de connaître un quelconque changement satisfaisant. Au niveau du marché, c'est le statu quo. La vie reste chère, très chère en tout cas. On se souviendra peut-être toujours de ces fonctionnaires qui avaient demandé, l'an dernier, le droit de bénéficier du «couffin de solidarité de Ramadhan» pour joindre les deux bouts. Si, dans quelques jours, les tarifs passent du simple au double, le consommateur ne pourra compter que sur sa patience, en attendant de s'organiser pour arracher ses droits. «Quand des Conseils de ministres et de gouvernement, convoqués spécialement pour stopper l'érosion du pouvoir d'achat et la spéculation excessive des barons intouchables, s'avèrent impuissants devant ces réseaux cachés et visibles de la contrebande et du marché noir, que peut dans ce cas une direction de wilaya, la DCP, comme celle de Tizi Ouzou sans moyens humains et matériels devant l'ampleur du phénomène de la fraude qui devient la règle dans la majorité des échanges entre acteurs du marché», s'interroge déçu un commerçant qui se définit lui-même comme un «légaliste rescapé des temps de l'anarchie» qui règne en maîtresse des lieux à Tizi Ouzou.Des intervenants du marché évoquent, d'autre part, le manque d'espaces dédiés aux commerces contrôlés (marchés de proximité, couverts, etc.) dans la wilaya de Tizi Ouzou, situation qui favoriserait l'expansion du marché parallèle. L'occupation des étroites chaussées au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou et dans d'autres centres urbains, sous le regard passif et/ou complice des services concernés, revient souvent dans les discussions chaudes des commerçants mécontents. À cet effet, le projet de réalisation d'un marché de gros de fruits et légumes par un investisseur privé, le long de la «rocade sud», pourrait atténuer un tant soit peu cette pression sur la demande et l'offre incontrôlée à Tizi Ouzou avec ses 67 communes et plus de 1 500 villages. Dans ce cas, cette wilaya bénéficierait d'un plan de réhabilitation de 14 marchés de fruits et légumes «dans le cadre d'un programme national», selon une source de la Direction du commerce (DCP) de Tizi Ouzou. Les marchés actuels, «qui ne répondent pas aux normes d'hygiène et de sécurité» situés à Draa Ben Khedda, Ouadhias, Boudjimaa, Boghni, Draa El Mizan, Larbaa Nath Irathène, Tizi Gheniff, Aïn El Hammam et Azazga, connaîtront des travaux de mise à niveau. D'autres marchés seront construits «suivant les besoins de chaque commune qui en fait la demande», ajoute-t-on de même source. Mais entre la parole et l'acte, la Kabylie baigne dans un océan d'immobilisme. Pour rappel, la Direction du commerce et des prix de Tizi Ouzou a mobilisé l'an dernier, à cette période de Ramadhan, 70 agents de contrôle répartis sur 21 brigades. Au cours de leurs sorties sur le terrain, ils ont procédé à la fermeture de 33 commerces pour des raisons d'hygiène et de non-respect des conditions de vente. Quid du commerce informel et des marchés anarchiques ?