Photo : Sahel Par Smaïl Boughazi Le patronat a voulu hier peser de tout son poids pour faire passer le message, lors d'une tripartie, première du genre, consacrée au développement de l'entreprise et à l'amélioration du climat des affaires en Algérie. Ainsi, les principales revendications des chefs et dirigeants des entreprises ont tourné autour des différentes problématiques déjà posées à l'image du crédit documentaire, la problématique du foncier, les lenteurs bureaucratiques, l'informel, les financements, la discrimination des entreprises privées, la formation, la convertibilité du dinar, l'endettement des entreprises etc… Les responsables des principales organisations patronales ont revendiqué, à l'unanimité, des «politiques et des solutions consensuelles» aux problèmes qu'affrontent les entreprises algériennes, la stabilité du cadre juridique, ainsi qu'«un nouveau regard» qui sera porté sur les entités économiques, publiques et privées. Le président du Forum des Chefs d'entreprises FCE, Reda Hamiani qui participe pour la première fois à la tripartie, n'a pas mâché ses mots préférant parler de toute la politique économique, menée ces dernières années. Hamiani a tenté ainsi d'apporter quelques «éléments critiques» estimant que malgré la disponibilité «des moyens, des investissements colossaux, un cadre macro-économique dans la bonne direction», le pays a enregistré «des résultats mitigés pour ne pas dire médiocres». Il explique, en d'autres termes, que malgré toutes ces performances, la croissance économique demeure faible et à des taux qui ne dépassent pas les 3 à 4 %. Il dira même que «des pans entier de notre économie ont disparu». Hamiani cite pour exemple «l'informel qui menace les équilibres économiques du pays». L'impréparation à l'ouverture économique «sans accompagnement et une mise à niveau tardive» ont fait que les entreprises algériennes ont été contraintes à mener une lutte perdue d'avance. Pour le patron du FCE, il est temps d'améliorer la croissance par d'autres moteurs ainsi que le développement et le soutien du secteur productif, car explique-t-il, la croissance actuelle est tirée principalement par les dépenses publiques qui dépendent elle aussi des recettes des hydrocarbures. Ce qui représente, à ses yeux, un risque majeur pour l'économie du pays. Dans son intervention, il pense également que l'institution du crédit documentaire comme un frein à la hausse des importations n'est pas la solution idoine étant donné qu'il n y avait pas eu au préalable de substitutions à ces importations. En outre, la consultation des opérateurs économiques est une condition sine qua non à la réussite de toute politique économique, dit-il. Quant à la stabilité du cadre juridique régissant les investissement, le patron du FCE qui parle d'un «usage excessif des lois de fiances complémentaires» souhaite un autre mode de prise de décision qui prendrait en compte des aménagements pour des «avancées». Saluant les dernières mesures prises en faveur des investisseurs et des entreprises, Hamiani estime, néanmoins, qu'elles «ne trouvent pas une traduction sur le terrain» citant pour exemple le foncier ainsi que l'assouplissement du Crédoc aux PME qui importent des pièces de rechanges. Hamiani préconise, enfin, des «politiques consensuelles pour reconquérir les parts perdues». Il a parlé de quatre principes. Il a cité notamment la libéralisation effective des initiatives des entrepreneurs, par une mise en œuvre sur le terrain des dispositions de la constitution, l'égalité de traitement qui devrait être la règle de base entre le public et le privé, la stabilisation du cadre législatif et réglementaire régissant le fonctionnement de l'économie nationale et la mise en place d'un mécanisme de dialogue entre pouvoirs publics et entreprises. Le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), M. Habib Yousfi a pour sa part mis l'accent sur la nécessité de revoir le secteur productif national de manière à lui permettre de créer de la valeur ajoutée. Yousfi préconise, au même titre, de cerner les problèmes de l'environnement des affaires tout en insistant sur la réaffirmation de la liberté d'entreprendre dans la Constitution. Yousfi a cité également la dichotomie existant entre l'entreprise publique et privée qui devrait connaître sa fin. Le président de CGEA a également énuméré certaines propositions qui seront discutées avec le gouvernement notamment une stratégie de développement des PME PMI, un traitement égalitaire pour les marché publics, la stabilisation du cadre juridique, la révision du code de travail etc … Nait Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien CNPA, a, lui également, abondé dans le même sens évoquant entre autres, un traitement égalitaire pour les entreprises privées, la suppression du Crédoc, la convertibilité du dinar et l'endettement des entreprises.