Pour la seconde journée consécutive, les cheminots affiliés à la Fédération nationale des cheminots ont poursuivi hier leur mouvement de grève au grand dam des usagers du transport ferroviaire. Des sources syndicales, contactées hier et avant-hier, ont tenu à marquer leurs distances par rapport à ce mouvement déclenché «unilatéralement», précisent-elles, par les conducteurs (appelés également tractionnaires) pour revendiquer la prime de technicité qu'ils estiment en droit d'avoir. Nos sources nous confient : «Cette prime est logiquement destinée aux travailleurs qui ont une maîtrise technique dans des domaines tels que la réparation des moteurs, de l'électricité des moteurs…, et les conducteurs n'en sont pas concernés puisque les commissions ayant défini les services devant bénéficier de ladite prime n'ont pas jugé que les conducteurs étaient en droit d'en bénéficier.» Mais les cheminots s'entêtent à réclamer, contre vents et marées, le «droit» de bénéficier de cette prime (que des sources syndicales évaluent à environ 600 DA seulement). De son côté, la direction de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) refuse de céder à cette revendication, estimant que les commodités que confèrent les nouvelles locomotions (notamment les locomotives à traction électrique) assurent davantage de confort aux conducteurs qui ne sont, de fait, aucunement obligés de procéder à une quelconque manœuvre technique. La réunion ayant regroupé la direction et des représentants des cheminots n'a donné lieu à aucun compromis. Pendant ce temps, ce sont les usagers qui en pâtissent. C'est que les usagers ont mal pris cette fâcheuse propension des cheminots à débrayer sans même avertir leur direction par le dépôt d'un préavis de grève, encore moins aviser les clients. «Nous ne pouvons plus tolérer ce genre de comportements. C'est du mépris dans son acception la plus révoltante. On nous prend à chaque fois pour les dindons de la farce. Nous en avons marre !,» s'emporte un usager. «Si seulement on nous avisait, on prendrait volontiers nos dispositions. A chaque fois, on se voit pris au dépourvu, c'est tout simplement scandaleux et inacceptable», fulmine-t-il. Un autre citoyen abonde dans le même sens. «Nous ne leur dénions pas le droit à la grève, mais au moins qu'ils (les cheminots, ndlr) aient la décence de nous en aviser au préalable», dit-il. Plus généralement, les griefs sont dirigés vers la direction de la SNTF qui ne semble pas maîtriser son personnel, estime un cadre dans une banque à Alger. Et c'est d'ailleurs dans ce même ordre d'idée qu'un étudiant en journalisme a eu cette observation pleine de dérision : «La seule prouesse que la SNTF ait pu réussir est qu'elle a battu en brèche une règle basique dans le journalisme. Celle-ci dit qu'un train qui arrive à l'heure n'est pas une information, mais l'information est dans le fait que le train arrive en retard. Or, les trains arrivent en retard et nous en sommes habitués, c'est même le contraire qui nous aurait surpris.» Y. D.