Près de 80 départs de et vers la gare de l'Agha d'Alger ont été annulés hier. Le transport ferroviaire ne cesse d'enregistrer des débrayages à répétition. Il a été paralysé encore une fois hier. Les trains n'ont pas circulé sur l'ensemble des lignes du territoire national. Les conducteurs de train ont déclenché une grève depuis deux jours. Elle a débuté avant-hier vers minuit. Ils réclament l'amélioration de leurs conditions de travail et l'obtention des primes de risque et de zone ainsi que la révision de leur plan de carrière. Les conducteurs principaux de train, leurs assistants, les chefs mécaniciens ainsi que les conducteurs de motrices sont concernés. «Il n' est pas plus minable que le salaire d'un conducteur de train», a déploré Raïs, exerçant cette activité. Pour lui, «il est scandaleux que le salaire de base d'un conducteur principal d'un niveau d'instruction de Bac+3 ou 4 ne dépasse pas les 21.000 DA». Cette grève s'est propagée à toutes les zones (Est, Ouest et Sud). Exerçant sur des lignes électrifiées de 2500 volts, les protestataires, dont les conducteurs qui sont au nombre de 300 rien qu'au niveau de la gare d'Alger, exigent des primes. Près de 80 départs de et vers la gare de l'Agha d'Alger ont été annulés hier. Cet arrêt de travail a touché également les grandes lignes Alger-Oran, Alger-Annaba. Avec une extension vers Souk Ahras et Béchar, apprend-on encore. Cela porte le nombre de départs annulés à près de 120, indique-t-on. Cependant, un black-out total du syndicat des cheminots caractérise ce débrayage. Les responsables du syndicat affilié à l'Ugta refusent de s'exprimer sur cette grève. La distance par cette organisation dénote le malaise qui entoure la représentation syndicale de la direction. Il est clair que le syndicat n'a aucune emprise sur les grévistes. Par ailleurs, des pourparlers ont été entamés, hier, avec le DRH et le directeur régional de la Sntf, selon nos informations. Ce n'est pas la première fois que les travailleurs de la Sntf entrent en grève. La direction répond souvent aux travailleurs que la société est dans l'incapacité d'augmenter le salaire et d'appliquer les conventions de branche. Pour rappel, les cheminots ont paralysé le trafic ferroviaire dans les banlieues Est et Ouest de la capitale, au cours de mois de mars dernier. La grève a été déclenchée pour protester contre leurs conditions de travail déplorables et leurs salaires jugés bas. «Nous sommes parmi les travailleurs les moins bien rémunérés en Algérie. Et pourtant, nous avons consenti de nombreux sacrifices pour ce pays», s'écrient des tractionnaires et des conducteurs de train à Alger. Les postiers sont une autre catégorie sociale qui demeure encore en arrêt de travail. Une bonne partie d'entre eux, la totalité selon certains, ont déclenché, avant-hier, un mouvement de grève illimité pour protester contre la non-application des décisions de la tutelle concernant l'augmentation des salaires par la direction générale. A Béjaïa, Oran, Bouira, Alger et Constantine, entre autres, la poste est à l'arrêt. Les grévistes ont déclenché un vrai bras de fer avec leur direction pour «dénoncer le non-respect des engagements pris récemment par leur entreprise». En fait, les grévistes, qui ne se réclament d'aucun mouvement syndical, n'admettent pas que la liste en dix points de revendications exprimées n'ait pas été encore satisfaite. «Nous voulons du concret», clament-ils à l'unisson menaçant de «poursuivre leur grève jusqu'à satisfaction totale de leurs doléances.» Une réponse à leurs dix revendications était attendue pour le 25 mai dernier.