Synthèse de Amel Bouakba La bactérie tueuse E. Coli 0104 (Eceh), très agressive et très résistante aux antibiotiques, a déjà fait 18 morts en Allemagne et une 19ème victime en Suède. La région nord de l'Allemagne autour de Hambourg est au cœur du foyer de la contamination et les cas continuent de se multiplier. Entre mercredi et jeudi derniers, on est passé de 1 400 à 2 000 cas recensés et de 373 à 500 cas graves, c'est-à-dire qui entraînent des complications rénales.Mais à ce jour, l'origine de la contamination demeure un mystère. La bactérie a certes été identifiée mais le vecteur de transmission reste inconnu. La bactérie incriminée provoque des manifestations cliniques variées telles que des diarrhées banales ou hémorragiques, évoluant vers un syndrome hémolytique et urémique qui affecte le sang, les reins et le système nerveux. L'incubation est d'une dizaine de jours avant que la maladie ne se déclare.Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a lancé une alerte, plus de 2 000 personnes sont déjà contaminées en Europe. Des cas ont été détectés dans 12 pays, notamment en Autriche, au Danemark, en France, aux Pays-Bas, en Norvège, en Espagne, en Suède, en Suisse et en Grande-Bretagne. Trois cas ont été signalés également aux Etats-Unis. D'après l'organisation onusienne, tous les malades ont transité par l'Allemagne. La bactérie Eceh est identifiée par l'OMS comme une souche «très rare», responsable pour la première fois d'une telle épidémie. Selon les spécialistes allemands, «l'épidémie serait en passe de se stabiliser». Toutefois, l'origine de la bactérie tueuse reste une véritable énigme. Même si les concombres espagnols, dans un premier temps incriminés, ont, depuis, été disculpés, il n'en reste pas moins que les doutes qui demeurent sur le vecteur de la bactérie, salades, tomates ou autres légumes crus, ont bouleversé les habitudes alimentaires des consommateurs européens.Les légumes ne sont pas les seules pistes de recherche. On commence même à envisager qu'il puisse s'agir de viande. L'Institut Robert Koch (RKI), chargé de la veille sanitaire en Allemagne, continuait de recommander aux consommateurs d'éviter les légumes crus, quelle que soit leur origine. Les crudités, consommées en grande quantité en cette saison, les fruits, mais aussi la viande, sont dans la ligne de mire des scientifiques.Depuis quelques jours, la bactérie Eceh qui sème la psychose en Europe, crée bien des tracas aux chercheurs du monde entier qui travaillent sur elle et s'attèlent à découvrir l'origine de la contamination. Les scientifiques doivent faire face à une course contre la mort pour enrayer le fléau. Le temps presse pour trouver l'aliment coupable. Les chercheurs allemands, qui planchent depuis des jours sur des centaines d'échantillons, sont face à une tâche gigantesque.Cet incident n'a pas manqué de susciter des angoisses chez les consommateurs. D'ailleurs, la consommation de légumes est toujours en berne en Europe.Par ailleurs, la Commission européenne a levé mercredi soir la mise en garde sur les légumes espagnols, notamment le concombre, mais les dommages sont déjà considérables pour l'agriculture espagnole, qui a vu ses exportations s'effondrer. Les producteurs- exportateurs de fruits et légumes espagnols ont évalué les pertes «à environ 200 millions d'euros par semaine» pour l'ensemble de la filière. A la clé : 70 000 emplois menacés selon Madrid, qui demande réparation. Le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a réclamé jeudi à l'Union européenne des «dédommagements pour les préjudices provoqués». Le Portugal va faire la même demande. Les Pays-Bas comme l'Allemagne réclament aussi des aides pour leur agriculture. La Russie et le Liban ont décrété un embargo sur les légumes en provenance de tous les pays de l'UE.