Invitée d'honneur à la 44e édition de la foire internationale d'Alger, la Turquie compte aussi mettre à profit la tenue parallèle du salon algérien de l'exportation (DjazairExport) pour renforcer ses positions en Algérie. Un marché qui présente de nombreuses opportunités pour les investisseurs turcs, selon les dires du directeur général de l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex), M. Mohamed Benini qui présidait hier un forum d'affaires algéro-turc en marge du DjazairExport.Véritable puissance économique, la Turquie se tourne vers les marchés à fort potentiel de croissance. Membre du G20, la patrie d'Atatürk se fixe l'objectif de rejoindre le club très fermé des 10 pays les plus industrialisés du monde (G10) et de réaliser un volume d'exportations de 500 milliards de dollars, à l'horizon 2023.La saturation des marchés traditionnels, européens notamment, et la crise économique mondiale poussent la Turquie à prospecter de nouvelles opportunités de croissance. Aussi, les trente années, pendant lesquelles ce pays d'Asie mineure a tenté de rejoindre l'Union européenne, en vain, lui ont appris à faire de l'islamité de la 16e économie mondiale un atout majeur afin de devenir une puissance régionale. Pour cela, le pays qui fait déjà partie de l'OCDE, l'OSCE, l'OTAN et l'OCI, désire se tourner vers les pays arabes, autrefois dans le giron de l'empire ottoman, pour atteindre ses objectifs. Et l'Algérie figure en bonne place des partenaires les plus importants de la Turquie, même si les échanges entre les deux pays restent timides avec un volume de 4 milliards de dollars en 2010. Pour l'heure, les entreprises turques interviennent en Algérie surtout dans le BTPH à la faveur des programmes d'investissements publics ou encore en tant que fournisseurs important de textile et prêt-à-porter.La Turquie bénéficie d'un savoir-faire industriel et commercial, susceptible de constituer un exemple pour l'économie algérienne, d'autant plus que même si la production nationale reste modeste, elle est appelée à se développer rapidement. Le représentant de Chambre turque de commerce et Vice-président de l'Union des industriels turque (Musiad), M. Misirli, a surtout tenu, hier, à mettre le doigt sur les obstacles qui freinent encore les développement des échanges et des investissements entre les pays musulmans, dont l'Algérie, notamment les visas et les barrières douanières. Selon l'industriel turc, l'Algérie pourrait constituer un bon terreau pour la délocalisation d'entreprises turques pour peu que l'on facilite l'octroi de visas aux hommes d'affaires et que l'on aboutisse à la signature d'accords de libre-échange. La chancellerie turque a entamé des contacts depuis plusieurs années avec les autorités algériennes afin de parvenir à la signature d'un tel accord et espère y aboutir à moyen terme. Le représentant de la Musiad a surtout plaidé pour la mise en place d'un visa spécifique pour les hommes d'affaires turcs et arabes afin de faciliter, au-delà du flux des marchandises, la mobilité des investisseurs à la recherche d'opportunités dans une région qui ne contribue que trop marginalement au PIB mondial. Il a d'ailleurs convié les responsables algériens à aller dans le sens d'une libéralisation du commerce avec la Turquie d'autant plus que le pays est autant importateur qu'exportateur, et que les entreprises turques se sont engagées dans des pays arabes présentant des facilités à l'exemples de l'Egypte où les investissements turcs ont atteint 2 milliards de dollars. Il mettra en avant les atouts de la Turquie en tant que partenaire économique et commercial d'importance, et appellera les autorités algériennes à prendre des décisions politiques afin de faciliter l'investissement étranger. Le pays, qui a réalisé la 3e plus importante croissance économique avec un taux de 8,9 % et un PIB de 730 milliards USD en 2010, est devenu un véritable hub de l'économie mondiale. La Turquie est une destination touristique privilégiée mais compte aussi des entreprises au grand savoir-faire industriel, notamment dans le ciment, la sidérurgie, la construction automobile, le plastique et le textile. Ses liaisons directes avec pas moins de 53 pays d'Europe, d'Asie et d'Afrique lui ont permis d'attirer 80 milliards de dollars d'investissements directs étrangers en 2010. M. R.