La télévision officielle syrienne a fait état de quatre-vingt policiers été tués par des « groupes armés » à Jisr al-Choughour, dans le gouvernorat d'Idlib alors que l'armée mène depuis samedi des opérations sécuritaires dans cette localité du nord-ouest de la Syrie. Sur fond d'extrême tension le pouvoir syrien entend accéder à une revendication phare de l'opposition: l'ouverture au multipartisme. Ce n'est toutefois pas la première fois que le pouvoir du président Bachar al-Assad annonce des mesures d'apaisement depuis le début du mouvement de contestation, le 15 mars. Et comme lors des fois précédentes, cela ne s'est nullement accompagné de l'arrêt de la vague de manifestation-répression avec sont lot de morts et de larmes. La crise en Syrie est devenue chronique et chaque jour qui passe on enregistre des victimes à travers le territoire. Les habitants de Hama, à 210 km au nord de Damas, poursuivent quant à eux depuis une grève générale de trois jours après la mort vendredi de 60 civils. Dimanche soir, une manifestation y a réuni près de 100.000 personnes. Par ailleurs, à Douma, dans la périphérie de Damas, les forces de l'ordre ont remis à ses parents le corps d'un homme qui avait été placé en détention il y a un mois. Sous pression, Damas avait promis mardi dernier une amnistie générale et plus de 450 prisonniers politiques et de conscience, dont certains étaient emprisonnés depuis 25 ans, ont été libérés. Le régime a annoncé la création d'une commission qui sera chargée d'élaborer un projet de loi sur les partis politiques. Le multipartisme demeure une revendication essentielle des opposants dans un payé marqué par la suprématie totale du parti unique : le parti Baath. Ce dernier au pouvoir en Syrie depuis 1963, est selon la constitution «le dirigeant de l'Etat et de la société». Depuis le début de la contestation populaire les autorités ont levé en avril l'Etat d'urgence en vigueur dans le pays depuis près de 50 ans. Tout en continuant d'envoyer l'armée dans les villes en effervescence. Lundi, six organisations des droits de l'Homme de Syrie ont dénoncé «le recours excessif à la force pour disperser les rassemblements pacifiques des citoyens syriens sans armes». Ces ONG, dont l'Organisation nationale des droits de l'Homme en Syrie, et le Comité kurde de défense des droits de l'Homme, ont appelé le gouvernement à «arrêter la spirale de violence et d'assassinats dans les rues syriennes». Elles ont demandé une commission d'enquête «indépendante et transparente pour dévoiler les responsables de la violence». Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, plus de 1.100 civils ont été tués en Syrie et au moins 10.000 personnes ont été interpellées depuis le début du mouvement. Au niveau international, les pays occidentaux, réunis à Vienne ajoutent à l'embarras de Damas l'accusant d'activité nucléaire illicite. Ils ont proposé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU. M. B.