L'Algérie qui négocie depuis 23 ans son adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce est tenue de redoubler d'efforts et mener dès que possible à leur terme les pourparlers pour son accession à l'organisation. Il s'agit des déclarations du Directeur général adjoint de cette organisation, M. Alejandro Jara, qui s'exprimait lors d'une journée parlementaire organisée à Alger sous le thème «l'Algérie et l'OMC : Enjeux et perspectives», en présence du président de l'APN, Abdelaziz Ziari, du ministre du commerce, des responsables de la Banque d'Algérie, du président du CNES et des parlementaires. Le représentant de l'OMC dira sans ambages lors de son intervention que «l'Algérie courrait le risque de voir le résultat de nombreuses années de dur travail réduit à néant». Jara dira en outre que tout retard additionnel dans l'accession «exposerait l'Algérie, vu l'accroissement du nombre des membres de l'OMC, à des négociations plus complexes». Dans la foulée, le responsable de l'OMC a reconnu que le temps nécessaire à cette accession différait d'un pays à un autre. Il cite pour exemple l'accession de la République de Kirghizie qui a duré moins de 3 ans tandis que celle de la Chine a pris plus de 15 ans. M. Jara a cependant noté que «des progrès ont été enregistrés depuis 2005», et que 5 accords bilatéraux ont été signés à ce jour alors que des négociations avec une douzaine d'autres pays se poursuivent toujours. L'aboutissement des négociations entre l'Algérie et l'OMC est donc tributaire de la conclusion de ces derniers accords, fait-il remarquer. Quant aux «périodes de transition» demandées par l'Algérie pour la mise en œuvre de certaines dispositions de l'OMC après la date d'accession, il a souligné qu'il «sera difficile d'obtenir de tels délais de grâce». Ce que confirmera aussi l'ambassadeur d'Algérie à l'Organisation des Nations Unies, M. Idris El-Djazaïri soulignant que notre pays doit parachever son accession avant la clôture du cycle de Doha, dont le prolongement donnera à l'Algérie plus de temps pour entreprendre les réformes attendues d'elle. Plus explicite, l'ambassadeur, qui s'exprimait à titre personnel, a précisé que «les questions qui ne font pas actuellement l'objet de négociations comme la libéralisation des services pétroliers, et l'exploitation des richesses naturelles seront inscrites à l'ordre du jour si nos négociations se poursuivent après la clôture du cycle». Notre pays qui a présenté sa demande d'accession en 1987 avant de s'engager dans les négociations multilatérales et bilatérales en 2002 devrait entamer le 11eme round de négociation «avant la fin de l'année en cours afin de clore définitivement ce dossier», souhaite de son coté le ministre du Commerce Mustapha Benbada. Ce dernier a expliqué en marge de la rencontre le retard mis dans les réponses aux questions de l'Algérie par la fin du mandat du président de groupe et «dont le renouvellement est prévu en juillet prochain». «Nous attendons toujours la réponse du groupe de travail concernant ces questions (96) auxquelles nous avons répondu il y a une année.» M. Benbada s'est montré, toutefois, optimiste : l'Algérie a «perçu des indicateurs positifs depuis trois ans» au regard de la diminution du nombre de questions posées au terme de chaque round dont la moyenne est passée de 250 à 300 questions au début des négociations en 2002 à 96 questions au terme du dernier round de janvier 2008. M. Benbada, qui a insisté sur «la vision claire» de l'Algérie sur ses engagements d'adhésion à l'OMC et la volonté politique qui existe, a rappelé au passage les efforts déployés pour ce dossier notamment l'adaptation de la législation nationale à celles en vigueur dans le monde avec l'introduction de 36 textes législatifs et réglementaires outre les 10 rounds de négociations qu'elle a menés en répondant à plus de 1 600 questions. Le ministre du Commerce a, par ailleurs, déploré la politique de «deux poids, deux mesures» appliquée par l'organisation dans le traitement du dossier d'adhésion de l'Algérie. Notre pays s'est vu imposé des conditions difficiles non appliquées aux autres pays «plus importantes que celles convenues lors du round de l'Uruguay». M. Benbada a invité également l'OMC a prendre en considération les conditions difficiles vécues par l'Algérie durant la décennie noire. S. B.