Trois sit-in simultanés à l'est, au centre et à l'ouest du pays seront organisés ce mercredi 15 juin, ponctués d'une opération don de sang. Ce sont les deux principales conclusions de la réunion de samedi dernier des délégués du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) qui a eu lieu à Sétif. Les participants ont maintenu leur mot d'ordre de grève suivi, selon leur estimation, à 80% sur tout le territoire national. C'est ce que nous a fait savoir, hier, le Dr Mohamed Sahnoun membre du Camra ayant pris part à cette réunion. «Cette journée à laquelle seront également conviées les associations de malades chroniques qui nous ont soutenus dans notre épreuve, se veut une journée de sensibilisation et de communication envers les malades. Nous tenterons de leur expliquer ce qui a été mal perçu jusque-là : à savoir que nous médecins résidents, ne voulons plus de cette médiocrité qui caractérise le système de santé algérien ; que notre mouvement n'est pas une action d'égocentriques. Et enfin, que notre souci n'est pas de mettre en danger la vie des nos concitoyens mais de leur assurer de meilleures conditions de soin», a encore expliqué le Dr Sahnoun. «Ce sera également une occasion pour nous de relancer la promesse du professeur Ziari, président de l'APN, relative à la mise en place d'une commission d'audit et d'enquête sur le service civil», ajoute-t-il.Aux ponctions sur salaires décidées par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, les médecins résidents répondront par une ponction de leur sang au profit des malades. Une manière de dire que leur intention n'est pas de mettre en danger la vie d'autrui. Le Dr Sahnoun a, d'ailleurs, qualifié ces ponctions à l'encontre des grévistes d'«incitation au pourrissement». «Au moment où nous appelons à un dialogue que nous voulons fructueux, l'on nous répond par ces mesures qui n'ont d'autre finalité que d'engager le mouvement dans une situation de pourrissement qui ne fait l'affaire de personne», relève le délégué du Camra. «Ils (les responsables du secteur de la santé, Ndlr) ont peur que l'obligation ne se retourne contre eux. Ils ont surtout peur de mettre à notre disposition des plateaux techniques adéquats pour de meilleurs soins pour les populations du sud et des Hauts Plateaux», accuse le Dr Sahnoun. Sur le même registre, le délégué du Camra a indiqué que le Collectif fera le point de la situation, jeudi prochain, alors que la suite à donner à cette mesure sera décidée le lendemain.Auparavant, Dr Sid-Ali Merouane a confié à la Tribune que le maintien de la grève est justifié par plusieurs raisons, essentiellement d'ordre pédagogique. Entre autres parce que les chefs des comités pédagogiques font toujours fi d'une note ministérielle datée de décembre 2010 et relative à l'abrogation de l'arrêté 709 portant sur les examens intercalaires sanctionnants. Dans sa correspondance, Rachid Harraoubia s'est prononcé pour l'abrogation dudit arrêté. Cependant, certains comités pédagogiques se montrent récalcitrants et continuent à défier le ministre. «Ils ont décidé de maintenir ces examens avec leur caractère sanctionnant bien que la tutelle ait plaidé pour leur suppression», déplore le délégué. Les médecins résidents ont interpellé la tutelle sur le caractère coercitif de pareille mesure en ce sens qu'elle fait peser sur le médecin résident une radiation en cas d'échec dans l'examen. «Le résident court chaque année le risque d'être exclu», dira le Dr Merouane pour qui «l'absence de garant à l'application de la note ministérielle conforte davantage les résidents dans leur décision de maintenir leur grève». Notre interlocuteur relève que la proposition des médecins résidents de mettre en place un nouveau «cahier des charges» pour les différentes spécialité, n'a touché que 20 sur 60 spécialités. «La proposition consiste en fait à améliorer la qualité des programmes enseignés. Nous regrettons que l'application de notre proposition n'ait touché que 20 spécialités, alors que 40 autres sont toujours concernées», explique-t-il. Alors que «La tutelle pensait nous intimider en menaçant que l'année blanche allait être plus préjudiciable pour nous que pour le secteur. Or, effet boomerang, le spectre de l'année blanche qui est un épouvantail pour les résidents, n'en est pas moins un monstre pour le ministère de la Santé», confie le délégué. Pour étayer ses propos, notre interlocuteur appuie son «argumentaire» en expliquant qu'en cas d'année blanche, «il n'y aura pas de promotion de spécialistes pour l'année 2012. D'un autre coté, il y a un fort risque de manque de place pour les tests de résidanat, un casse-tête pour les chefs de services qui éprouveront d'immenses difficultés pour trouver de la place à tous ces candidats». Y. D.