La crise libyenne s'invite à Alger. La question sera au cœur des discussions qu'aura, dès ce soir à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui sera en visite officielle de deux jours en Algérie, sur invitation de son homologue Mourad Medelci. Le responsable français rencontrera également le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Cette visite «s'inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue politique entre les deux pays, et participe de leur volonté commune d'édifier un partenariat d'exception qui soit à la mesure des liens multiformes qui les unissent en termes d'histoire, de voisinage et de densité des rapports humains», a expliqué lundi dernier à l'APS, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. Mais au-delà du protocole, le responsable algérien a confirmé que cette visite aura pour thèmes principaux la situation en Libye, le Sahara occidental et autres questions régionales, sur lesquelles les deux pays n'ont pas forcément les mêmes visions. MM Juppé et Medelci «aborderont toutes les dimensions de la relation bilatérale et partageront leurs analyses sur les sujets de politique internationale et régionale d'intérêt commun (Libye, processus de paix au Proche-Orient, Sahara occidental, lutte contre le terrorisme, UPM, relations avec l'Union européenne...)», a encore expliqué le responsable algérien.Sur la Libye, les échanges entre Mourad Medelci et Alain Juppé ne seront pas forcément faciles. Si l'histoire des mercenaires relève du passé, l'approche des Européens, la France en tête, est, elle, très discutable pour l'Algérie. Dès le départ, Alger avait regretté l'usage de la force par la coalition internationale, d'autant plus que la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies avait porté essentiellement sur l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Une résolution que l'Algérie a dit «respecter», puisqu'elle est allée jusqu'à bloquer les avoirs de Kadhafi et de sa famille.L'autre point d'achoppement entre les deux pays est le Sahara Occidental. Paris soutient, de manière franche, la position marocaine qui propose une large autonomie aux Sahraouis, mais dans le cadre d'une souveraineté marocaine. L'Algérie soutient, de façon claire et constante, la légalité internationale qui donne aux Sahraouis le droit à un référendum d'autodétermination. Autant dire que sur cette question, la divergence est totale.Sur des questions telles que le Proche-Orient et la sécurité dans le Sahel, les deux pays ont des positions pratiquement identiques, même si Paris n'est pas sur le point de reconnaître un Etat palestinien indépendant, contrairement à Alger qui n'a pas de relations diplomatiques avec Israël. En revanche, les partenaires sont favorables à la solution à deux Etats.Sur le plan purement bilatéral, les deux pays ont pratiquement dissipé tous les malentendus, sauf celui de la mémoire. Là, ce sera une autre question. A. B.