Au moment où l'institution onusienne poursuit son enquête dans les camps de réfugiés en Turquie sur les présumées exactions du régime syrien notamment dans la ville meurtrie de Jisr Al Choughour, Damas décide de sortir de son mutisme et de contre-attaquer. Dans une vraie offensive médiatique, les autorités syriennes ont présenté à la presse une seconde fosse commune dans la ville meurtrie de Jisr Al-Choghour, au nord-ouest, et l'organisation d'une grande manifestation pro-régime à Damas. Des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés, hier, sur l'autoroute reliant le quartier de Mazzeh, banlieue résidentielle de l'ouest de la capitale, au centre de Damas, autour du «plus grand drapeau syrien» posé au sol et long de2 300 mètres. De nombreux manifestants agitaient des drapeaux syriens et brandissaient des portraits du président, dans une ambiance de fête sur fond de chants patriotiques, selon les images transmises par les chaines de télévision syriennes. Parallèlement, un voyage de presse a été organisé dans la ville de Jisr al-Choghour, désertée par ses habitants et reprise dimanche par l'armée au terme d'une offensive lancée vendredi dernier. Les autorités ont présenté aux journalistes présents sur place cinq dépouilles déposées aux côtés de ce qui est présenté comme une deuxième fosse commune découverte depuis dimanche. Une version contestée par opposants, déserteurs et réfugiés, qui ont plutôt parlé d'une mutinerie.Cependant, le régime syrien continue de refuser de laisser entrer sur son territoire des équipes humanitaires, comme le réclament les Occidentaux. Les experts du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme sont arrivés dans la province turque de Hatay dans le sud de la Turquie où affluent les réfugiés syriens, au nombre de 8500, fuyant la répression, pour «enquêter sur les exactions» en Syrie selon un membre de la mission.Ankara continue aussi à être en première ligne sur le front diplomatique. Un émissaire du président Bachar al-Assad a été reçu le même jour par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier s'était déjà entretenu par téléphone mardi avec M. Assad et l'avait exhorté d'établir d'urgence un calendrier de réformes et de mettre fin à la répression qui a coûté la vie à 1 200 personnes et entraîné l'arrestation de quelques 10 000 autres, selon des ONG et l'ONU.Entre-temps, la France continue de militer auprès des 14 autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir une majorité de 11 voix pour voter un projet de résolution condamnant cette répression. La Russie et la Chine demeurent strictement opposées. G. H./agences