Photo : Riad Par Samira Imadalou Le pays vit ces derniers jours au rythme de l'opération de distribution des logements sociaux. Dans ce cadre, 1 900 unités sont à distribuer au niveau de la capitale. Les listes des bénéficiaires ont été dévoilées dans certaines communes d'une manière qui ne répond pas aux critères de transparence. Encore une fois, l'attribution des logements sociaux a montré le fossé qui sépare le citoyen de l'administration locale en terme de confiance. La crise est perceptible dans la manière dont est gérée l'opération. Des listes affichées en catimini à des heures tardives (4h du matin à la Casbah par exemple) et placardées sur les murs des mosquées, une nouvelle pratique des APC qui craignent les réactions populaires ? Il est clair en tout cas que les responsables en charge de l'opération ont peur de la réplique de la rue. Au moment où l'on parle d'équité sociale, c'est le contraire qui est ressenti par les populations. Sinon, pourquoi toute cette gymnastique et ces tentatives de chercher à fuir la confrontation avec les citoyens qui, faut-il le rappeler, n'ont pas manqué d'afficher leur mécontentement bloquant parfois les routes et mettant en doute la crédibilité des élus locaux. A El Madania, El Mouradia, Bab El Oued, Belouizdad et bien d'autres quartiers d'Alger, c'est la grande déception ces derniers jours. D'ailleurs, des mouvements de protestation avaient été déclenchés à ce sujet. L'on se souvient encore des émeutes de Diar Echems en 2010. Dans d'autres quartiers populaires, notamment à Alger centre, c'est l'attente de la fameuse liste qui sans nul doute fera des mécontents. Certes, il est difficile de satisfaire toute la demande face au grand nombre des dossiers déposés, dont certains remontent à deux, voir trois décennies. Mais quand des citoyens vivant à dix sous un même toit découvrent dans la liste de bénéficiaires de logement social des noms de personnes loin d'être dans le besoin, il y a lieu de s'interroger sur le respect des critères imposés dans l'application des orientations du gouvernement et du chef de l'Etat. Dans cette situation, on passe carrément à l'inégalité. Et c'est ce qui engendre les tensions. A titre indicatif, le quota attribué à chaque commune est bien en deçà des demandes exprimées. Pour l'actuelle opération de distribution de logements sociaux, on compte au total 120 000 dossiers pour seulement 1 900 unités au niveau de 57 APC de la capitale soit une disponibilité de 1,58% pour une ville comme Alger dont la majorité du parc immobilier se retrouve dans un état de dégradation avancée. Près de 10 000 logements seront livrés avant la fin de l'année 2011, selon le directeur du logement, M. Mohamed Smail. «Quelques 7 000 à 9 000, voir même 10 000 logements seront livrés avant la fin 2011 dans la wilaya d'Alger», a-t-il indiqué hier sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale. D'ici 2014, quelque 130 000 à 140 000 logements, toute catégories confondues, seront construits à Alger. Les opérations de relogement se poursuivront jusqu'en 2014. Les premiers concernés sont les habitants des chalets et des quartiers populaires, tels Diar Echems, Diar El Baraka (Baraki), Diar El Kaf, Climat de France (Oued Koriche) et les Palmiers. Aussi, un projet de réalisation de quelque 20 000 logements doit démarrer avant fin 2011, a indiqué M. Smail, précisant qu'il s'inscrit dans le cadre du programme de la wilaya. Dimanche, à l'ouverture des assises de l'habitat et de l'urbanisme, le wali d'Alger, M. Addou Mohamed Lekbir, a annoncé qu'au moins deux nouvelles grandes opérations de relogement des habitants des bidonvilles auront lieu à Alger, toujours avant la fin de l'année. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, avait annoncé début juin à l'occasion de la réunion des walis qu'environ 60 000 logements achevés seront distribués avant le début du mois de ramadhan prochain à travers le territoire nationale. «Il est nécessaire de finaliser cette opération avant le début de ramadhan», avait-il noté à l'adresse des walis. Cette instruction sera-t-elle respectée et appliquée dans la transparence et la légalité ? Attendons pour voir. Car, au-delà du nombre d'unité à distribuer il y a la gestion du dossier du logement qui est à suivre pour éviter tout dérapage.