Le conflit libyen s'enlise et les prévisions et calculs des uns et des autres commencent à s'embrouiller. Toute l'aide quelle soit financière ou militaire apportée à l'opposition n'a toujours pas fait fléchir Mouamar Khadafi qui n'a pas quitté le pouvoir ; n'a pas fui la Libye et n'a pas l'intention de baisser les bras. Encore mieux, ses hommes ont réussi hier à abattre un hélicoptère Apache près de Zliten à 160 km à l'est de la capitale. L'Otan a reconnu la perte d'un drone hélicoptère. La France et la Grande Bretagne, les deux premiers pays à exiger une intervention militaire en Libye, ne peuvent plus se permettre de payer le prix de cette guerre. «Le surcoût de la guerre en Libye (...) est déjà de 87 millions d'euros en 80 jours d'opérations», a estimé le ministère français la Défense. Les chefs d'état-major de l'air comme de la marine tirent la sonnette d'alarme, car si l'opération militaire se prolonge encore plus que de raison, ils auront rapidement des problèmes de «ressources humaines» et de «régénération des forces et du matériel». En France, le Parlement décidera le 12 juillet prochain de prolonger ou non l'intervention militaire Les mêmes inquiétudes sont formulées par la Grande Bretagne même si son Premier ministre continue de répéter que l'armée a les moyens de poursuivre sa mission en Libye «aussi longtemps qu'il le faudra». Ce qui est loin d'être l'avis du commandant des opérations de la Royale Air Force (RAF), Simon Bryant qui a prévenu hier que la capacité de la RAF à opérer en Libye sera «menacée» si l'intervention britannique se poursuit au-delà de septembre ajoutant que «le moral est en baisse avec la réduction des indemnités et le gel des salaires». La RAF envisage de réduire de 15% son personnel soit 5 000 postes à supprimer au cours des trois prochaines années. Les responsables de l'OTAN avaient déjà affiché leur crainte de ne pouvoir poursuivre l'opération en Libye. Un haut responsable militaire de l'Alliance avait déclaré que les forces de l'OTAN «disposent pour le moment de moyens suffisants, mais la situation pourrait devenir critique si les opérations se prolongeaient». Au moment où la légitimité de son intervention reste contestée et où elle stagne sur le terrain, l'Alliance qui tente de défendre sa crédibilité a commis deux bavures en Libye causant la mort de 15 civils dont trois enfants. Suite à ces bavures, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a déclaré que l'Otan joue sa crédibilité en Libye et ne peut se permettre de risquer des pertes de civils. Sur le plan diplomatique, le dirigeant rebelle Mahmoud Jibril, est arrivé hier à Pékin pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères. La Chine pour qui un cessez-le-feu en Libye est une «priorité absolue», estime que «la situation ne peut plus durer» et veut pousser les deux parties au conflit à négocier. Le gouvernement chinois avait annoncé récemment avoir des contacts avec les rebelles et le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Deux rencontres ont eu lieu entre des diplomates chinois et des responsables du CNT. Abdelati al-Obeïdi, ministre libyen des Affaires étrangères, a été reçu début juin en Chine. Pékin a réitéré son soutien «aux efforts de la communauté internationale», notamment de l'ONU et de l'Unité africaine, «et a pris des contacts directs avec les parties au conflit pour les persuader d'accorder la priorité aux intérêts fondamentaux du pays et de la population, de même qu'à la paix et à la stabilité dans toute la région.» Pour sa part, la Pologne, qui prend le 1er juillet la présidence de l'Union européenne pour six mois, a annoncé qu'elle aura un ambassadeur à Benghazi durant sa présidence de l'UE. H.Y./agences