Photo : M. Hacène De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Le secteur de la santé joue un rôle important dans la préservation de la santé de la population actuelle et future. Toute défaillance et manquement, selon des médecins, dans la prise en charge médicale des citoyens signifie une atteinte à leur santé et à celle des générations futures, lesquelles n'arriveront pas par la suite à contribuer au développement de leur pays. Le gouvernement à travers ses programmes de développement, ne cesse d'accorder l'ensemble des moyens humains et matériels pour développer ce secteur stratégique. Cependant sur le terrain, il semble que la matérialisation de ces programmes est confrontée, dans certains cas, à différents problèmes inhérents au mode de gestion, de la planification des taches et de classification des priorités. Au niveau de la wilaya de Ain Defla, le secteur de la santé continue de souffrir de plusieurs anomalies et les citoyens ne cessent de dénoncer l'absence d'une bonne prise en charge médicale. Un tour d'horizon à travers les différentes structures sanitaires, effectué par les élus de l'assemblée populaire de la wilaya, durant la période allant du 16 mai au 07 juin 2011, a permis de constater de nombreuses anomalies et l'impossibilité de mettre en œuvre les recommandations de l'APW formulées en 2008 par la commission de la santé, de la population et de l'environnement, et ce quatre ans après de leur validation par cette même assemblée. Une lecture du rapport de cette commission, qui revient à la charge après quatre années d'attente d'application de ses recommandations, lors de la session ordinaire de l'été de l'APW organisée entre le 16 et le 30 juillet, montre la dégradation de la situation dans ce secteur et pousse ainsi les décideurs à prendre les mesures nécessaires pour rattraper un retard considérable, qui n'incombe nullement aux autorités supérieures, certaines anomalies pouvant être réglées sur décision locale comme l'alimentation en eau potable des hôpitaux ou l'hygiène dans ces structures sanitaires. Il est important, à travers cette lecture, de décortiquer l'application de recommandations contenues dans ce rapport. En matière d'application du nouveau système de fonctionnement administratif, il s'est avéré que les établissements publics de santé de proximité sont dotés de budgets de fonctionnement et d'équipement médical. Cependant l'absence de locaux constitue un handicap d'autant que les services administratifs occupent l'espace qui pourrait être réservé pour soigner les patients. Cette situation qui influe négativement a été constatée dans la totalité des structures médicales, indiquent les membres de la commission de la santé au sein de l'APW, qui regrettent que leur recommandation se rapportant à la réalisation d'une maison pour les diabétiques dans la partie ouest de la wilaya de Ain Defla n'ait pas été mise en œuvre, alors que la région Est a vu sa maison réalisée au niveau de la ville de Khemis Miliana et ce pour une meilleure prise en charge des personnes atteintes de cette maladie. S'agissant de la maintenance à l'intérieur des structures de santé, les élus, qui ont formulé des recommandations en 2008, viennent de constater qu'il reste encore beaucoup à faire en matière d'entretien à l'exemple de la polyclinique Hlaymi , dans un état de dégradation avancée qui nécessite une rénovation totale. La polyclinique de Sidi Amramar de la commune de Khemis Miliana a besoin d'une opération d'aménagement au niveau de l'entrée principale afin de mettre fin aux infiltrations d'eaux qui se produisent à chaque précipitation. L'étanchéité au niveau de la polyclinique 01 de Miliana et celle de l'hôpital de Ain Defla ont besoin de réhabilitation. les élus ont apprécié certains travaux effectués dans d'autres structures. S'agissant de la maintenance des équipements, les élus tirent la sonnette d'alarme puisque le problème d'insuffisance de techniciens de maintenance persiste et entrave le bon fonctionnement des différents types d'équipements destinés à la prise en charge des malades. Cette situation est due au vide juridique concernant le recrutement de cette catégorie de personnel. Ainsi, les équipements des laboratoires d'analyses, des radios et des groupes générateurs d'électricités nécessitent une maintenance régulière à cause de la sur utilisation. Les élus de l'assemblée populaire ont également soulevé le cas des salles de soins, lesquelles restent encore fermées au niveau zones éloignées et ce malgré leur recommandation visant leur ouverture afin d'assurer une bonne couverture sanitaire pour cette catégorie de la population. Dans leur rapport, les membres de cette commission disent qu'après leur sortie sur terrain, il s'est avéré que certaines salles ne peuvent servir d'espace pour la prise en charge des patients et ce à cause de la de nombreuses anomalies, entre autre l'absence d'eau potable. Cette situation, selon les rédacteurs du rapport, exige la réhabilitation de ces salles. ils soulèvent,également, le problème de difficultés de déplacement du personnel médical vers ces salles situées dans les zones rurales éloignées. Absence d'eau potable dans certains hôpitaux L'autre problème qui irrite les élus ainsi que les patients et l'ensemble du personnel médical, c'est la pénurie d'eau potable au niveau de l'hôpital de Sidi Bouabida d'el Attaf, un problème soulevé pourtant depuis la session de l'APW de 2008. Ces mêmes élus ont constaté lors de leur visite de terrain que le puits d'eau équipés dernièrement au niveau de l'hôpital de Ain Defla par la direction de la santé, ne fonctionnent pas à cause des équipements. Pour ce qui des produits pharmaceutiques,des lits et autres équipements, les membres de la commission ont signalé les efforts effectués par chaque établissement de santé publique de proximité. En revanche,ils tirent la sonnette d'alarme sur la pénurie de produits utilisés dans la chirurgie dentaire (contraste) et en laboratoires d'analyses. S'agissant des lits et couvertures, l'opération de remplacement se poursuit périodiquement, chaque année, alors que l'installation des climatiseurs est aussi au programme des directions des établissements de santé de cette wilaya. Dans ce même chapitre,celui des équipements,il a été constaté que la plupart les chaises dentaires utilisées dans les établissements de santé ne sont pas dotées de leurs périphéries de traitement des dents. Pour les élus, on ne peut assurer dans ce cas que les extractions, les patients ne pouvant bénéficier des autres types de soins dentaires (plombage…etc). L'absence de chariots isothermes dans certaines structures sanitaires a irrité également les élus, qui ont recommandé la généralisation de leur utilisation lors de la session 2008. Le danger des incinér ateurs Par ailleurs, l'élimination des déchets médicaux spéciaux continue de poser un problème de santé publique et d'environnement au niveau de cette wilaya. Cependant l'acquisition dernièrement de 04 incinérateurs qui seront installés dans chacun des hôpitaux de cette wilaya permettra de trouver une solution à ce problème, mais leurs lieux d'implantations suscite l'inquiétude des représentants du peuple, qui exigent qu'ils soient installés à l'extérieur des périmètres urbains, comme le font d'ailleurs de nombreux pays, et ce vu leur impact sur l'environnement. Selon des spécialistes,il n'est pas normal de voir des incinérateurs implantés à l'intérieur des établissements de santé alors qu'ils doivent être placés très loin des habitations et obéir à la réglementation des installations classées. Dans ce même volet, les élus ont constaté de visu que les déchets spéciaux sont concentrés dans certaines polycliniques et particulièrement au niveau de celles de Mekhatria, Amra et Djelida en raison de l'absence des lieux d'incinération. Les déchets ménagers restent encore condensés au niveau de certains hôpitaux. La situation de l'hôpital d'El Attaf inquiète les membres de la commission de la santé, qui ont dénoncé la lenteur dans le ramassage de ce type d'ordure par les services de la municipalité ce qui provoque une réelle pollution à l'intérieur de cette grande structure sanitaire. Manque flagrant d'ambulances Le manque d'ambulances dans les polycliniques réparties à travers le territoire de la wilaya a été soulevé en 2008 par les élus, lesquels reviennent encore une fois, en 2011, pour signaler l'absence d'ambulances dans les polycliniques pour le transport des cas urgents. Pour les mêmes élus, les deux polycliniques situées au niveau de la commune de Mekhatria, de celle Arib ne sont pas dotées d'ambulances alors qu'elles sont situées au chef lieu de commune. Les polycliniques des communes de Abadia et Djelida comptent respectivement une et deux ambulances. Elles sont en panne. A Ain Lacheikh, les élus du peuple ont signalé la présence de trois ambulances très anciennes alors qu'au niveau de l'hôpital de Miliana,il y a un besoin urgent de deux ambulances. Le secteur de la santé souffre, entre autre, de l'encadrement médical. Depuis 04 années que le manque en personnel paramédical n'a pas été comblé en dépit de la recommandation des élus de l'assemblée populaire de la wilaya. Ce déficit flagrant en personnel paramédical vient s'ajouter à celui des agents d'hygiène, de protection et de sécurité. Scanners attendent radiologues Concernant les médecins spécialistes, le manque est focalisé sur les spécialistes en radiologie, ce qui entrave le fonctionnement des 04 scanners implantés au niveau des hôpitaux et prive ainsi les patients de ces outils de diagnostique. En revanche l'hôpital de khemis Miliana vient d'établir une convention avec un médecin spécialiste, qui fera fonctionner le scanner 03 jours par semaine. Cette situation vient encore une fois plaider pour le maintien du service civil dans les hôpitaux, sinon tous les médecins spécialistes,que l'Etat Algérien a pratiquement formé gratuitement vont opter pour le secteur privé, contrairement à d'autres pays ou la formation est payante et souvent pas à la portée de tout le monde. Certains médecins disent qu'il est important que le gouvernement établisse des conditions pour permettre aux médecins spécialistes l'ouverture de cabinets privés. Selon les mêmes sources, une expérience de plus de 05 ans dans les hôpitaux doit être exigée pour permettre de combler le déficit en praticien.Le manque de médecin réanimateur au niveau de l'hôpital d'el Attaf, représente un danger pour le fonctionnement des blocs opératoires et des services de soins intensifs, alors que l'hôpital de la ville de Ain Defla compte à lui seul 05 médecins réanimateurs. Cette mauvaise répartition des praticiens montre encore une fois l'absence d'une politique d'orientation visant l'affectation du personnel vers les postes vacants au niveau de cette wilaya. En somme à travers ce tableau noir dressé par les membres de la commission de la santé de l'APW et par des patients de la wilaya de Ain Defla,il semble que le secteur de la santé a besoin plus que jamais d'une réorganisation totale axée sur l'établissement d'une nouvelle politique de développement de la santé.