La pratique commerciale répond rarement aux normes sanitaires. Les citoyens sont exposés pratiquement chaque jour à des risques que peuvent engendrer les denrées alimentaires mal conservées ainsi que les produits périmés. Alors que ces marchandises avariées ou arrivées à péremption doivent être retirées des rayonnages par les commerçants qui doivent s'en inquiéter et procéder régulièrement à une vérification, celles-ci sont non seulement maintenues sur place, et continuent à garnir les étagères, mais elles sont vendues le plus normalement du monde à des citoyens qui n'ont pas pour habitude d'être regardants. Rares sont les consommateurs qui jettent un œil sur les dates (de fabrication et de péremption) portées sur l'emballage, quand celles-ci existent. L'attitude des commerçants est largement encouragée par l'absence de contrôle de la part des autorités concernées, mais aussi par les citoyens qui n'ont pas pour tradition de réagir face à ce type de dépassements qui les lèsent financièrement et nuisent à leur santé. Des emballages perforés, des paquets de gâteaux éventrés, et ces derniers effrités, des boîtes de conserve rouillées par endroits, des yaourts dont le contenu fermente sur les bords, ce sont là quelques exemples parmi tant d'autres et qui n'offusquent pas les citoyens. On s'accommode de tout, tant et si bien que les détaillants (notamment) ne se sentent pas embarrassés, d'autant plus que les pouvoirs publics laissent faire en n'étant pas présents sur le terrain. Une situation qui a encouragé des fabricants à mettre sur le marché des produits dont ni l'origine ni les composants ne sont mentionnés. Des jus aux noms bizarres envahissent régulièrement les étals, de nouveaux fromages tentent les acheteurs, des détergents et autres denrées alimentaires s'imposent facilement faute de règles draconiennes qui barreraient le chemin à nombre d'entre elles pour non-conformité aux normes. Nous avons souvent mentionné dans ces mêmes colonnes le manque d'intérêt du mouvement associatif pour la défense des consommateurs, mais il faut surtout relever qu'il n'existe aucune loi qui protége ces derniers. D'ailleurs, qui s'inquiète de cette propension des commerçants à vouloir réduire leurs factures d'électricité par tous les moyens, sans se soucier de la préservation des denrées périssables et qui débranchent leurs équipements frigorifiques avant de fermer boutique le soir venu ? Un comportement de plus en plus courant – sans jeu de mots – parce que rentable et impuni. Les denrées alimentaires avariées sont à l'origine de nombreux cas d'intoxication, surtout durant cette période de grandes chaleurs propices à la multiplication des bactéries quand les produits ne sont pas bien conservés. Un guide du consommateur édité par le ministère du Commerce attire l'attention de ce dernier (le consommateur) sur les dangers induits par la consommation de denrées non conformes et par les produits contrefaits, tout en l'informant sur ses droits et sur le fait qu'il peut porter plainte pour des préjudices éventuels. Il reste à espérer que ce document touche sa cible et qu'il aboutisse aux résultats escomptés. R. M.