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Le procès de l'assassinat de Matoub s'ouvre ce matin au tribunal de Tizi-Ouzou Sa tenue dans les formes annoncées par le parquet est contestée par les proches du défunt
De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le procès des présumés assassins, Chenoui et Medjnoun, de Lounès Matoub, symbole adulé du combat pour l'amazighité en Algérie et ailleurs, s'ouvre ce matin au tribunal criminel près la Cour de Tizi Ouzou. Sa tenue dans les formes annoncées par le parquet est d'ores et déjà contestée par la famille de Matoub et la fondation éponyme, et un rassemblement est prévu durant la durée de l'audience devant la Cour de justice pour «dénoncer une autre mascarade judiciaire». La tenue dans les formes annoncées par le parquet de ce procès tant attendu par les personnels politiques, les fans de Matoub et la population de Kabylie est loin de faire l'unanimité au sein de l'opinion et risque même de prendre une tournure imprévisible au vu du passif politique et judiciaire déjà lourd que traîne le dossier de l'assassinat de cet artiste à la popularité inégalée, le 25 juin 1998 à Tala-Bounan, à une dizaine de kilomètres de Tizi Ouzou, par des hommes armés. On se rappelle des fortes tensions entre différents protagonistes et acteurs politiques de Kabylie autour de cet assassinat, qui nourrit toujours les débats sur la scène locale, tant Matoub reste un symbole dans la région de Kabylie. Aussi, les deux parties les plus concernées par le procès ont d'ailleurs fait savoir à maintes reprises, par le passé, leur rejet de la «détention provisoire abusive», pour les familles de Chenoui et Medjnoun, en prison depuis plus de 12 ans, et l'exigence d'un «vrai procès des vrais assassins», pour la famille de Matoub, ses fans et une bonne partie des militants politiques de la région de Kabylie. «C'est le scénario des déclarations de Saïd Sadi le 27 juin 1998, affirmant que l'un des assassins de Matoub Lounès est de la même dechra que Matoub qui se poursuit ; ceux qui ont programmé cette affaire veulent confirmer ces déclarations, classer l'affaire dans la rubrique des faits divers et en finir une bonne fois pour toutes avec le dossier ; pour nous, il ne s'agit pas du procès de l'affaire Matoub Lounès tant que nos demandes de reconstitution des faits avec la présence des filles (Nadia Matoub et ses deux sœurs ndlr) et la convocation et l'audition de la liste des 51 personnes qu'on a soumis à la justice, n'ont pas connues de suite favorable et positive», nous a déclaré Malika Matoub, sœur et présidente de la fondation, hier matin à propos du procès d'aujourd'hui. «Rien n'a changé», ajoute-t-elle, depuis l'annonce d'un complément d'enquête faite par le tribunal en été 2008. Malika Matoub juge que la programmation de cette affaire en fin de session criminelle, «en pleine période estivale», en plus de la faire passer comme «un simple fait divers», marque une volonté délibérée de la placer sous le signe d'un «huis clos qui ne dit pas son nom». Elle tient d'ailleurs à appeler à un rassemblement ce matin devant la cour de justice pour dire «non à une autre mascarade judiciaire.» Pour leur part, la famille Medjnoun et le comité de soutien à Malik Medjnoun, incarcéré depuis le 28/09/1999, ont fait savoir récemment dans une lettre adressée au procureur général que «Matoub Lounès a été lâchement assassiné le 25/06/1998 (et que) toutes les enquêtes et instructions n'ont pas abouti à déterminer les véritables coupables (et que) au moment où le crime a été commis, Malik Medjnoun était avec des personnes qui ont témoigné en sa faveur». Ils ont exigé des «autorités judiciaires un procès permettant de le disculper (…) avant la fin de cette session». Le comité de soutien à Medjnoun rappelle que «la situation de Malik Medjnoun a été soumise au Comité des droits de l'Homme de l'ONU en juin 2004 et que celui-ci a demandé aux autorités algériennes d'amener immédiatement Malik Medjnoun devant un juge pour qu'il soit condamné ou remis en liberté». Le procès Matoub aura-t-il lieu un jour ? Chenoui et Medjnoun seront-ils libérés à l'issue de leur jugement ?