De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'audience de l'affaire de l'assassinat de Lounes Matoub s'ouvre ce matin au tribunal criminel de Tizi Ouzou alors que la famille Matoub rappelait hier son «refus de cautionner toute parodie d'instruction et d'enquête» au moment où l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation met en avant, dans la même affaire, deux noms, à savoir Chenoui et Medjnoune, en détention depuis plus de huit ans, poursuivis pour appartenance à groupe terroriste armé et participation à assassinat et guet-apens. Le procès, qui suscite une attention particulière de l'opinion en raison notamment de la popularité toujours intacte dont jouit Matoub et des forts doutes qu'ont suscités les circonstances, l'identité des commanditaires et des exécutants de l'assassinat, verra la présence de membres de la partie civile, en l'occurrence la mère, la sœur et la veuve de la victime, qui ont reçu des convocations, et probablement de beaucoup de témoins cités hier matin par Malika Matoub lors d'une conférence de presse tenue au siège de la médiathèque Amusnaw de Tizi Ouzou. Parmi ces derniers, on citera deux dirigeants du RCD, un conseiller de l'actuel chef de l'Etat, des responsables d'institutions sécuritaires de la wilaya de Tizi Ouzou, des militants politiques et des personnes anonymes. «Nous ne cautionnerons jamais une parodie de justice où sont injectés des inculpés alibi parce que, moi, je suis partie civile dans l'affaire Matoub», déclarera Malika Matoub qui a fait appel aux témoins à venir ce matin au tribunal de Tizi Ouzou pour «nous éclairer» sur cette affaire. La sœur du Rebelle a noté qu'avant d'arriver au qui et au pourquoi de l'assassinat, il y a lieu de faire le travail en amont en répondant à la question du comment de cet assassinat. La famille Matoub, qui demande depuis dix ans la réouverture du dossier du crime, rappelle l'engagement fait par le chef de l'Etat le 2 septembre 1999 à Tizi Ouzou «de faire l'enquête et de poursuivre en justice» les auteurs de l'assassinat avant d'énumérer les lacunes de l'enquête telles la reconstitution des faits, l'absence d'étude balistique, la non-convocation de témoins de l'assassinat… Pour rappel, Matoub Lounes, chanteur populaire et militant de l'identité et de la langue amazighes, a été assassiné le 25 juin 1998 à Thala Bounan, à quelques kilomètres de Tizi Ouzou. Beaucoup de voix avaient immédiatement attribué l'assassinat aux Groupes islamistes armés (GIA), version qui sera battue en brèche par la rue, d'abord, qui criait «pouvoir assassin» lors des émeutes ayant suivi le meurtre, relayée par des organisations, des associations et des militants de la cause amazighe et de la démocratie qui montreront du doigt d'autres parties.