Les avocats de Malik Medjenoun, présumé assassin de Matoub Lounès, ont tenu hier après-midi une conférence de presse au siège de la Ligue des droits de l'homme de la ville de Tizi Ouzou pour réclamer la programmation du procès de leur client et son jugement. D'emblée, Me Aït Habib a déclaré : «Si vraiment Malik Medjnoun est impliqué dans l'assassinat de Matoub Lounès, pourquoi ne le juge-t-on pas ? Soit Malik est coupable et il ouvre droit à un procès équitable puisque l'enquête complémentaire est achevée, soit il est innocent, et alors on le libère. Mais c'est aberrant de le maintenir en détention provisoire depuis le 28 octobre 1999, soit plus de 12 années. Cette incarcération provisoire est une première dans les annales judiciaires nationales et internationales». Le conférencier a rappelé que le procureur général a promis la tenue du procès sur l'assassinat de Matoub Lounès avant la fin de l'actuelle session criminelle, après que Medjnoun ait observé une grève de la faim de sept jours. A la question de savoir quels sont les éléments matériels qui prouvent l'innocence de Medjnoun, l'avocat Bouchir a déclaré qu'aucun élément n'existe dans le dossier d'accusation, hormis les déclarations de l'ex-terroriste Chenoui, lui aussi accusé dans cette affaire et qui a évoqué son nom. «Si la justice condamne Medjnoun à 12 ans de prison juste pour couvrir son incarcération à tort, cela constituera un scandale judiciaire. Soit il est coupable, soit il est innocent. Je vais insister sur ce point lors de ma plaidoirie», précisera encore maître Aït Habib. Les conférenciers ont signalé que Medjnoun n'a jamais été impliqué par le passé dans une aucune affaire de terrorisme. «C'est un enfant tranquille et un fan incontestable de Matoub Lounès. Ce n'est pas un terroriste», clame un membre du comité du village de Medjnoun, Thaddart Oufella, dans la commune de Beni Douala. «C'est vraiment étonnant qu'un émir du GIA, Hacène Hattab en l'occurrence, qui a pourtant proclamé l'assassinat de Matoub Lounès, n'ait jamais été entendu par la justice. Medjnoun est un bouc émissaire dans cette affaire qui n'est autre que politique», soulignent les avocats. «Défendre Malik Medjnoun veut dire défendre l'affaire Matoub Lounès. Nous aussi nous voulons l'éclatement de la vérité dans l'assassinat du défenseur de la culture et de la cause amazighes», ajoutera maître Aït Habib. Quant au père de Malik Medjnoun, un ancien maquisard de plus de 80 ans, qui était présent à la conférence, il dira : «Je veux juste que mon fils soit jugé équitablement car il est innocent.» Jusqu'à hier, ni la famille de Matoub ni celle de Medjnoun n'ont reçu de convocation de la part de la justice, alors que la session criminelle prend fin le 14 juillet prochain. De son côté, Malika Matoub rencontrée hier matin à Béni Douala, nous a déclaré que «la famille Matoub s'est pour le moment constituée partie civile. Nous ne sommes pas au stade d'accusation. Nous réclamons toujours la reconstitution du dossier, de refaire l'étude balistique et d'entendre d'autres témoins dans cette affaire».