De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Annoncé en grande pompe en 2006, le projet du tramway de Annaba patine et est toujours à l'état de projet cinq ans plus tard. On tourne en rond et on en est encore à l'avis d'appel d'offres pour l'étude de faisabilité incluant le tracé qui a déjà posé problème par le passé. Pourtant un premier avis d'appel d'offres avait été lancé le 16 janvier 2006 et l'étude avait été confiée le 4 mars de la même année à un bureau franco-belge, en l'occurrence Semaly (Lyon) et Transurb Technirail (Bruxelles), pour un montant de 23 360 000 DA, et un délai de cinq mois avait été accordé. Le 20 janvier 2007, Pierre Marx du bureau d'études franco-belge avait exposé aux autorités locales, en présence du représentant de l'Entreprise du métro d'Alger et des présidents des associations, l'étude de faisabilité du projet. L'exposé de M. Marx était plus ou moins complet et prenait en compte toutes les contraintes liées à la réalisation ainsi qu'à l'exploitation optimale de ce moyen de transport qui constitue une nouveauté pour la wilaya de Annaba. L'exposé avait pour axes principaux la planification des transports, l'insertion, les infrastructures, les systèmes et l'ensemble des variantes. Ainsi, il est prévu, selon le tracé proposé, trois grands corridors, l'un au nord, l'autre de Kouba vers le centre-ville et le dernier au sud d'El-Bouni vers le chef-lieu de wilaya avec des dessertes vers l'université, les hôpitaux, le parc d'attraction et la plaine ouest. Les tronçons prioritaires seront réalisés après collecte d'informations sur les déplacements de la population, les points d'arrêt et le comptage des usagers des différents moyens de transport. Les stations de maintenance étaient déjà prévues et il ne restait qu'à acquérir les terrains nécessaires à leur réalisation (3 à 4 ha, selon l'étude). La ligne du tramway incluait la réalisation des ouvrages d'art en même temps que la pose des voies pour une mise en service rapide. L'exposant avait insisté sur la livraison d'un matériel roulant adapté au nombre des futurs usagers tout en prenant en compte la vitesse commerciale pour satisfaire de façon optimale la demande. La présentation terminée et le bureau d'études félicité, on s'attendait à ce que la réalisation soit lancée dans les mois qui suivaient et on voyait déjà des flots d'usagers débarquer sur le cours de la Révolution ou sur le boulevard du 1er Novembre, puisque l'étude prévoyait une mise en service effective en 2010. Cinq ans plus tard, la situation a changé du tout au tout et… on est revenu à la case départ. Comme si rien n'a été fait puisque l'on a lancé un autre avis d'appel d'offres pour la réalisation d'une autre étude, les offres affluent et on en est au stade du jugement de ces offres pour attribuer le projet à l'une des entreprises qui ont soumissionné. Le «secret» de cet échec est que le tracé présenté par le bureau d'études franco-belge n'a pas satisfait les associations et les autorités, qui ont transmis le dossier au comité national des marchés qui a procédé à l'annulation de l'attribution au bureau d'études cité. L'enveloppe allouée a été revue à la hausse et est désormais de 112 milliards de centimes pour quelque 22 km de voies ferrées qui traverseront de part en part la ville de Annaba. Ce projet, qui entre dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009, peine à démarrer et accuse six années de retard, six ans qu'on tourne en rond, ce qui a fait dire aux Bônois avec ironie : «C'est un tramway nommé “Désir”.»