Alors que le rendez-vous rituel de l'Organisation des Nations unies (ONU), c'est-à-dire l'Assemblée générale, a pour thème cette année la bataille des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), voilà que la crise financière s'invite dans les débats. Ce sujet brûlant risque même de reléguer la lutte contre la pauvreté au second plan. Hier, au premier jour de la rencontre, la question était au centre du débat. Le président américain George W. Bush et son homologue français Nicolas Sarkozy n'en ont pas raté l'occasion. Nicolas Sarkozy, qui s'est exprimé comme président de l'Union européenne, a carrément réclamé des sanctions contre les responsables de la crise qu'il a qualifiée de «désastre». Pour sa part, Bush a saisi l'opportunité pour demander un plan d'action dont l'absence risque d'avoir des conséquences importantes pour l'économie américaine. Finalement, comme à l'accoutumée, les grandes puissances économiques mondiales ne cherchent qu'à sauvegarder leurs intérêts. Lesquels priment à chaque fois sur les intérêts des pays pauvres dont les populations subissent les conséquences de la flambée des prix des matières premières. Déjà que la réalisation des OMD s'annonce compromise, particulièrement en Afrique, face à cette hausse des prix mais surtout face à la non-tenue des engagements des pays riches concernant la contribution de ces objectifs. Et dire que l'ONU, qui a échoué dans les résolutions de nombreux dossiers internationaux, ne cesse d'en multiplier. Les pays riches, invités déjà à maintes reprises à doubler leur aide à l'Afrique, n'ont rien fait. Ils s'étaient pourtant engagés à le faire lors du sommet de Gleneagles (Royaume-Uni) à travers une augmentation de 25 milliards de dollars de l'aide à l'Afrique d'ici à 2010. Rien n'indique qu'il y aura changement de cap, surtout en cette période de crise financière. Qu'en sera-t-il de l'appel lancé hier pour «une révolution verte en Afrique» ? «La crise alimentaire mondiale a besoin d'une réponse mondiale globale et coordonnée», a déclaré hier le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. On s'attend d'ores et déjà à ce que la réponse ne soit ni coordonnée ni globale. Les pays riches continueront à exploiter les richesses de l'Afrique loin de tout contrôle et le continent demeurera le plus touché par la crise alimentaire mondiale et par les changements climatiques dont les pays industrialisés sont responsables avec les fortes émissions de gaz à effet de serre. Parler donc d'éradication de la pauvreté en Afrique ne nécessite pas seulement des appels en masse et des réunions au sommet. La lutte contre ce phénomène exige des concessions du côté des riches et des changements dans les régimes et dans les politiques économiques africaines pour ne pas rester dépendants car, en dépit de tous les maux du contient noir, les potentialités existent. S. I.