L'Algérie a ratifié la convention des Nations unies de lutte contre la désertification (UNCCD) en 1996 et a validé son plan d'action de lutte contre la désertification (PAN- LCD) en 2003. Depuis, beaucoup de chemin a été parcouru dans ce domaine avec comme grand projet le fameux barrage vert pour contrecarrer ce phénomène. Aujourd'hui encore après plusieurs années d'application de ce programme, les résultats restent insuffisants. Et cette situation n'est pas propre à l'Algérie puisque, de par le monde, les plans de lutte contre la désertification ont montré leurs limites. Pour cela, une stratégie décennale 2009-20l8 de l'UNCCD a été mise en place et l'Algérie a été retenue parmi les pays pilotes désignés pour l'alignement des plans d'action nationaux de lutte contre la désertification. Pour un partenariat mondial Aussi et afin de répondre aux orientations de la stratégie décennale et transformer le PAN-LCD en un document de stratégie intégré dans les cadres nationaux d'investissement, la Direction générale des forêts sous tutelle du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, point focal national de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, a organisé récemment un atelier national sur l'alignement du PAN-LCD. Cet atelier, en collaboration avec le mécanisme mondial et le Pnud, a impliqué les différents départements ministériels, la société civile, les institutions nationales et internationales. Il a été soutenu par des présentations sectorielles et thématiques qui ont présenté l'ensemble des dispositions prises par les secteurs et qui concourent à la réalisation des objectifs de la stratégie décennale. Les résultats de cet atelier seront présentés lors de la réunion interministérielle préparatoire à la conférence des ministres de l'Union africaine en charge de la lutte contre la désertification qui sera organisée également par l'Algérie le 6 septembre prochain à Alger, une manifestation inscrite dans le cadre du mandat de notre pays pour la présidence du groupe Afrique qui, rappelons-le, est de deux ans jusqu'à la fin 2011.La vision globale aujourd'hui est de mettre en place un partenariat mondial visant à enrayer et prévenir la désertification et la dégradation des terres et atténuer les effets de la sécheresse dans les zones touchées afin de concourir à la réduction de la pauvreté et au respect durable de l'environnement. Cinq objectifs ont été définis dans ce cadre-là, entre autres la sensibilisation et l'éducation de tous concernant ce phénomène, et le transfert des technologies. La lutte contre la désertification étant une approche combinée de la protection et de la conservation des ressources naturelles et de la lutte contre la pauvreté, le programme de lutte contre la désertification s'inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie de développement rural durable (SDRD) qui elle-même répond à des objectifs bien précis. Cette stratégie a opté pour un développement rural qui organise les synergies économiques et sociales et qui se fonde sur une implication pleine responsable des autorités au niveau local et des populations concernées dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique participative active. 12 000 projets de proximité de développement rural Cette approche s'effectue dans le cadre des Projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI) qui comporte des actions d'accompagnement des communautés rurales avec un soutien au plan technique, organisationnel, financier et promotionnel. Dans ce cadre, le programme à moyen terme 2010-2014 est soutenu par la mise en place de fonds de l'Etat, dédiés principalement à l'encadrement des actions liées au développement rural. C'est dans ce contexte que les sources de financement et les fonds relevant des autres secteurs pourront être suscités pour la prise en charge des actions socioéconomiques complémentaires.Mme Ghazi Zohra, directrice de la mise en valeur des terres et de la lutte contre la désertification à la Direction générale des forêts (DGF), explique que «l'Algérie n'a pas attendu que cette stratégie décennale soit mise en place pour réagir, puisqu'en 2007 une étude portant sur la dynamisation du PAN a été menée et pu déceler les lacunes sur le terrain». D'où le programme du renouveau rural qui repose sur l'implication de tous les acteurs : populations, élus, institutions, administrations… La politique du renouveau rural, rappelle encore notre interlocutrice, a entres autres objectifs l'amélioration des conditions de vie des populations (eau, électricité, école…), la création d'activité économique, la préservation des ressources naturelles et du patrimoine matériel et immatériel. Une cellule d'animation rurale communale au niveau de chaque commune est mise en place. Un animateur est désigné pour faciliter toute démarche au niveau de la commune. Cette façon de procéder tend à éviter toute déperdition puisqu'une fois un projet formulé et confirmé par la daïra il passe à la wilaya. Une fois validé par le wali, ce même projet peut être lancé.Pour le quinquennat 2009-2014, ce sont plus de 12 000 projets de proximité de développement rural intégré qui sont inscrits dont 6 000 sont prévus pour la période allant de 2009-2011, représentant ainsi 50% du total de ces projets. Pour le moment, 3 400 projets ont été déjà lancés et sont en chantier, nous apprend Mme Ghazi. Selon elle, et dans le cadre de l'approche du renouveau rural, quatre programmes sont prévus sur le quinquennat. Le premier programme, la lutte contre la désertification, est localisé dans 40 wilayas à la base d'une étude qui a abouti à la réalisation d'une carte nationale de désertification par télédétection. Il faut retenir que 27 millions d'hectares dans les zones steppiques seront traités dans ce cadre-là dans 12 wilayas. Le deuxième programme est consacré au traitement des bassins versants. Réalisé avec le concours de l'ANBT (Agence nationale des barrages et transferts), ce programme concerne 7,5 millions d'hectares à travers 30 wilayas. 78 bassins versants sont ainsi ciblés. Pour ce qui est du troisième programme, il concerne la gestion, la protection et l'extension du patrimoine forestier. Basé sur un inventaire forestier national réceptionné en 2009, ce programme, qui concerne 37 wilayas, se base sur les études d'aménagement forestier réalisé. Enfin, le quatrième programme conservation des écosystèmes naturels concerne la protection de la faune et de la flore et cible les parcs nationaux, les aires protégées, les centres cynégénétiques et les zones humides. Il sera réalisé à travers une vingtaine de wilayas. Ces quatre programmes, rappelons-le, s'inscrivent dans le cadre de la politique du renouveau rural. Selon la responsable de la mise en valeur des terres et de la lutte contre la désertification à la DGF, l'Algérie est en train de bien avancer dans le domaine de lutte contre ce phénomène. Des pas géants ont été faits. D'une approche centralisée dans les années 70, la politique a été revue selon les besoins des populations des zones touchées par ce phénomène à savoir l'eau, l'agriculture, les routes, les pistes… B. A.