Les kheïmate ramadhanesques «enfumées» poussent un peu partout en ce mois de Ramadan, avec un point en commun, la chicha, (le narguilé) très tendance depuis quelques années en Algérie. Mais au-delà de son côté «original et festif», la chicha est 7 à 10 fois plus toxique que la cigarette. La chicha est composée de 25% de tabac mélangé à de la mélasse et un arôme de fruits qui lui donne ce côté acidulé et parfumé qui séduit et en même temps trompe les fumeurs et qui leur paraît anodin pensant que cette agréable sensation ne peut pas être provoquée par des produits toxiques, fortement nuisibles à la santé.Pourtant, tout comme la cigarette, les risques de la chicha sur la santé sont bien établis, tels que l'augmentation de cancers, de bronchites chroniques, ou de problèmes cardiovasculaires. Selon les spécialistes, le monoxyde de carbone expiré à la fin d'une chicha équivaut à celle observée lors de la consommation de 2 paquets de cigarettes. Un millilitre de fumée de narguilé contient plus de un million de microparticules. 30 à 50 bouffées de chicha inhalées sur une durée moyenne de 1 heure équivalent à 2 paquets de cigarettes. Le taux de monoxyde de carbone inhalé dans la chicha est 7 fois supérieur ou plus que dans la fumée d'une cigarette.Il est bon aussi de souligner que fumer la chicha expose à des risques de transmission microbienne, comme la tuberculose, car les fumeurs utilisent généralement le même embout. La fumée d'une chicha délivre autant de pollution au monoxyde de carbone (CO) que 15 à 52 cigarettes. D'autre part, la fumée dégagée par la chicha est une source de pollution passive dans les lieux clos, notamment dans les désormais traditionnelles kheïmate ramadhanesques. Le problème du tabagisme passif se pose lui aussi avec intensité. Des familles parfois accompagnées de leurs enfants, parfois en bas âge, passent leurs soirées ramadhanesques dans ces kheïmate qui empestent la fumée et ne se doutent pas qu'ils mettent ainsi la santé de leurs bambins en péril. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à être attirés par la chicha, ignorant ses multiples dangers. La plupart d'entre eux pensent qu'ils ne courent aucun risque pour leur santé en comparaison avec la consommation de cigarettes. D'où l'importance des campagnes d'information et de sensibilisation à grande échelle. De leur côté, les spécialistes tirent la sonnette d'alarme sur ce phénomène. Le Pr Salim Nafti, président de la Société algérienne de pneumophtisiologie, a, à maintes reprises, alerté sur la consommation de plus en plus en vogue de la chicha et ses méfaits sur la santé. A. B.