Photo : Riad Par Hassan Gherab Dès le premier jour, vendredi 5 août, la scène de la kheïma de La Tribune a affiché la couleur en optant pour la zorna en ouverture. Et comme pour confirmer, la suite sera un récital de chaâbi, un genre musical qui fait partie des repères identitaires de la société algérienne en général et algéroise en particulier. Pour cette soirée inaugurale, ce sera Abdelmadjid Meskoud, l'enfant de Belcourt, qui présentera quelques morceaux. Le chanteur au bleu shanghaï animera une agréable Qaâda à laquelle il conviera un grand nom du chaâbi, le regretté Mohammed El Badji dont Meskoud interprétera Falestine.La deuxième scène sera un rien plus moderne, sans trop s'éloigner des rivages du chaâbi. Emir Nacer et son orchestre travaillent avec des instruments modernisés pour produire une musique plus festive. Des mouachahate andalouses aux sonorités tunisiennes, Emir Nacer chantera un répertoire diversifié où le fil d'Ariane sera le rythme dansant. La deuxième partie de la soirée sera plus sereine avec l'entrée en scène de Yacine Bouzama qui clora la qaâda avec un chaâbi aussi moderne que celui d'Emir Nacer, mais n'omettra pas pour autant de revenir aux racines en rendant hommage aux anciens de la chanson algérienne. Ben Msayeb de Mostaganem, Abdelkarim Dali de Tlemcen et de grands noms de la chanson de Constantine trouveront leur place sur la scène de la kheïma de ce dimanche. Le lendemain, le chaâbi sera toujours là. Mais sous ses airs posé, méditatif, avec Mohammed Bentoumi qui servira à son public un récital des plus captivant. La veillée se poursuivra avec El Hasnaoui Amechtouh qui, d'emblée, dédie à Driss El Kolli sa première interprétation. Le mardi, le chaâbi met son habit de fête pour cette soirée avec Nasreddine Galiz qui servira à son public un répertoire diversifié où il y en aura pour tous les goûts. Mercredi, la soirée commence dans une ambiance des plus sereines. La première partie sera dédiée à la musique savante, l'andalou, avec la troupe Mezghena qui servira au public présent un bel échantillon de touchiates avec des neçraf et khlass guillerets. L'exécution orchestrale était tout simplement parfaite et le produit irréprochable. Dans la deuxième partie de la soirée, Mohamed Sahli de Sidi Bel Abbès et son groupe créent la surprise et surprennent toute l'assistance avec un raï inspiré de ce bédoui dont est justement issu le raï originel. Le public de jeudi aura, lui, a droit à un récital de Madjid Benzidoun auquel se joindront, le lendemain, El Hadi El Anka et El Badji Bahri pour un retour en force du chaâbi. Le samedi, ce sera un ould el houma (enfant du quartier) qui portera aux nues ce genre musical dont ni le temps ni les évolutions socioculturelles n'ont pu avoir raison. Mohammed Chetouane, la coqueluche de Hussein Dey, donnera le meilleur de lui-même pour le plus grand plaisir des enfants du quartier et de tout son public fort nombreux.La soirée du dimanche, qui coïncide avec la nuit médiane (lilat e'noss) clôturant la première moitié du mois de Ramadhan, moment symbolique chez les jeûneurs, sera consacrée à un autre genre musical, plus mystique, le gnaoui. Mais avec un début en zorna, qui, après tout, symbolise la fête et la joie que veut distiller la kheïma de solidarité de la Tribune. Après la zorna, le bourdonnement du goumbri fait vibrer les enceintes. Le silence revient. Entouré par cinq karkabous, une toumba et une derbouka, maâlam Youcef, le goumbriste de la troupe Noudjoum Diwan de Sidi Bel Abbès, donne le ton avec un dhikr auquel succédera l'amorce d'une chanson, «Bouderballa». L'ouverture rituelle accomplie, maâlam Youcef et sa troupe resteront dans le chapitre en enchaînant avec Salem aâlikoum. On poursuit avec un jeu de scène où le goumbri aura pour partenaire la toumba. Après un petit istikhbar, on enchaîne avec «Baba Hamouda», «Marhba», «Lalla Aïcha» et d'autres morceaux où Dieu, son prophète et les saints hommes sont évoqués avec ferveur, mais aussi joie. Ce mélange prend bien. Le courant est établi entre les artistes et leur public à qui ils servent encore et encore du gnaoui, jusqu'à ce qu'ils aient réussi à ramener vers eux les enfants. Une dizaine de petits danseurs envahissent la piste. Le goumbriste adresse des encouragements aux enfants. «Nous sommes contents d'être là, à Alger, chez nous. Dès que nous avons entendu parler de cette opération de solidarité, nous nous y sommes inscrits. Nous avons fait 500 kilomètres, à jeun, pour venir chanter devant vous, gracieusement, parce que cette opération concerne les enfants», dira le chanteur qui, joignant le geste à la parole, invitera les jeunes danseurs à rejoindre la troupe sur scène… c'est pour eux qu'ils sont là et c'est pour eux que la Tribune a dressé cette kheïma. Retour aux sources lundi, pour une soirée hawzi avec Nardjess. Pour la deuxième partie, Mohammed Sergoua reviendra au chaâbi, en faisant bonne place à El hadj Guerrouabi, le maître qu'il admire. Il n'est pas le seul.